La découverte de gaz naturel dans la vallée du Saint-Laurent assurerait au Québec un approvisionnement à bon prix et permettrait à Gaz Métro de retarder encore plus la construction de Rabaska, mais pas de s'en passer complètement.

«Le gaz de schiste, c'est le joker que personne ne s'attendait à voir apparaitre et qui change radicalement la donne», a expliqué hier la présidente et chef de la direction de Gaz Métro, Sophie Brochu.

Les travaux d'exploration menés au Québec indiquent que le gisement de gaz le plus prometteur se situe entre Montréal et Québec, en plein dans le territoire du distributeur gazier.

«Plus il va se découvrir de gaz de schiste et plus il va s'en découvrir près de chez nous, plus ça risque de retarder la mise en place de Rabaska», a précisé Sophie Brochu, après l'assemblée annuelle de la société en commandite.

Même si certains de ses partenaires, comme SNC-Lavalin, ne semblent plus tellement croire à la réalisation du terminal méthanier, Gaz Métro y tient toujours. Le consortium qui pilote le projet vient même de dépenser 7,5 millions de dollars pour acheter les terrains dont il a besoin, a souligné hier Sophie Brochu.

«Je ne suis pas capable de vous dire exactement quand, mais, un jour, on aura besoin de ces terrains-là. On a les permis environnementaux, on a les terrains. On aura tout ce qu'il faut pour mettre en branle le projet Rabaska lorsque le temps sera venu.»

«C'est peut-être mon successeur qui construira Rabaska», dit Sophie Brochu, reconnaissant ainsi que l'horizon du projet s'éloigne.

Heureusement, Gaz Métro a d'autres projets qui avancent plus rapidement que Rabaska. Le distributeur gazier, qui a déjà annoncé son intention de développer le marché du transport lourd, annoncera très bientôt comment il entend s'y prendre, a indiqué la présidente.

Les investissements nécessaires seront minimes, a-t-elle expliqué, parce que Gaz Métro a déjà une usine de liquéfaction de gaz à Montréal-Est qui suffira amplement à approvisionner ce nouveau marché.

L'utilisation de gaz naturel comme carburant augmentera à mesure que les transporteurs renouvelleront leur parc de camions pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre. Seulement entre Montréal et Toronto, il y a 48 000 déplacements de camions lourds par semaine. Le remplacement du diesel par le gaz naturel permettrait de réduire ces émissions de 25%, a souligné Sophie Brochu.

Pas de privatisation

La fin prochaine des avantages fiscaux accordés aux sociétés en commandite oblige Gaz Métro à prendre une décision sur sa structure d'entreprise. La direction de Gaz Métro a profité de l'assemblée des actionnaires pour faire savoir que l'entreprise ne serait pas privatisée.

«L'intention est de maintenir la présence du public investisseur parmi les parties prenantes de Gaz Métro», a dit Sophie Brochu.

Un comité formé d'administrateurs indépendants a été mis sur pied pour évaluer les options et des discussions sont en cours avec l'Agence de revenu du Canada pour valider les impacts des changements pour les détenteurs de parts.

Le public détient seulement 29% des parts de la société en commandite. Le reste appartient à Noverco, consortium formé de la Caisse de dépôt (SNC-Lavalin, Desjardins et le Fonds FTQ), d'Enbridge et de GDF Suez.

Les parts de la société en commandite ont augmenté de 30 cents hier, pour finir la journée à 16,56$. Depuis un an, leur valeur a varié entre 13,81$ et 17,17$.