L'OPEP a officiellement décidé de ne pas ouvrir plus grand ses robinets lors de sa réunion mercredi à Vienne, optant sans surprise pour un prudent maintien de ses quotas de production de brut face à une reprise jugée fragile et incertaine.

«On reconduit les quotas», a indiqué à l'AFP une source de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole en précisant que la prochaine réunion ministérielle aura lieu le 14 octobre au siège du cartel dans la capitale autrichienne.

Le ministre saoudien du Pétrole, Ali al-Nouaïmi, avait déjà indiqué avant le début de cette réunion ordinaire de printemps que les 12 pays membres de l'OPEP allaient «laisser les choses telles qu'elles sont» ajoutant : «Nous sommes très contents de la situation actuelle.»

«Une bonne demande, une offre fiable, des prix parfaits: nous sommes très contents», a-t-il précisé.

Les quotas de production de brut du cartel, qui pompe 40% du pétrole mondial, restent donc fixés à 24,84 millions de barils par jour (mbj), niveau en vigueur depuis le 1er janvier 2009.

«Les prix sont équitables à la fois pour les producteurs et les consommateurs. La consommation va augmenter aux 3e et 4e trimestres, et le dollar devrait s'affaiblir, ce qui va aider les prix à grimper», s'est, lui aussi, félicité le ministre algérien des Mines et du Pétrole, Chakib Khelil.

Les prix du pétrole se sont rapidement remis de leur dégringolade de l'hiver 2009, lorsque le baril avait frôlé les 30$. Depuis six mois, ils évoluent dans une fourchette de 70$ à 80$ le baril, jugée idéale par les producteurs pour continuer à investir.

La prudence l'emporte donc en raison des inquiétudes de court terme sur la demande, réitérées par le président en exercice de l'Opep, l'équatorien Germanico Pinto.

«La vigueur de la reprise économique mondiale en 2010 demeure incertaine et inégale», a-t-il déclaré dans son discours d'ouverture, soulignant que «les stratégies de sortie des plans de relance» mises en place il y a un an étaient «cruciales» pour le redressement économique.

«La croissance (de la demande pétrolière) la plus forte devrait émaner des pays extérieurs à la zone OCDE, mais même celle-ci pourrait être affectée par les mesures engagées par les gouvernements pour éviter la surchauffe de leurs économies», a-t-il développé, en allusion aux craintes de resserrement monétaire en Chine.

Dans les pays industrialisés, «les craintes de reprise en W restent une menace», s'est aussi inquiété M. Pinto.

Malgré le gel des quotas de production depuis 15 mois, les pays membres de l'OPEP ont toutefois profité graduellement de la hausse des prix pour vendre plus de pétrole.

En février, la production des 11 pays membres soumis aux quotas, excluant l'Irak, a atteint 26,7 mbj, soit un dépassement de 1,86 mbj par rapport au plafond officiel.

«Chaque fois que le pétrole prend 1 dollar, l'OPEP-11 gagne 29 millions de dollar de plus chaque jour», calcule Tamas Varga, du courtier PVM.

Inquiets des surplus, plusieurs ministres ont ainsi réclamé à leur arrivée à Vienne un meilleur respect des limites de production. Un appel à la discipline pourrait ainsi figurer dans le communiqué final de cette 156e réunion qui devait être publié dans l'après-midi.

Le ministre saoudien s'est montré, quant à lui, très serein sur cette question. «S'il n'y avait pas de demande (pour ce pétrole), il n'y aurait pas de dépassements» de quotas, a-t-il estimé.