Des clients qui n'ont pas le coeur à dépenser, un contexte morose et un problème de dettes à régler: Prosep, qui fabrique des systèmes permettant de séparer l'eau du pétrole, ne s'ennuiera probablement pas de l'année 2009. Mais avec les pétrolières qui recommencent à magasiner, l'entreprise montréalaise espère être déjà en train de surfer sur une meilleure vague.

Prosep fabrique des systèmes qui permettent par exemple aux grandes pétrolières de purifier l'eau qu'elles rejettent en mer en la nettoyant du pétrole qu'elle contient. L'entreprise a terminé la dernière année dans le rouge de près de 14 millions de dollars, un trou beaucoup plus important que celui de 1,6 million creusé un an auparavant. L'action de Prosep a reculé de1 cent hier pour atteindre17 cents.

 

Lawrence Casse, analyste torontois qui suit l'entreprise pour la firme Loewen, Ondaatje, McCutcheon Limited, avertit toutefois que les résultats sont moins mauvais qu'ils n'en ont l'air.

Les chiffres dévoilés hier sont en effet truffés d'éléments exceptionnels qu'il faut démêler avant de se faire une idée de la santé de Prosep.

D'abord, l'entreprise a dû faire le ménage dans ses finances en 2009.

«Comme beaucoup d'entreprises qui ont connu une bonne croissance au cours des dernières années et ont eu un accès au crédit relativement facile, on était endetté, admet Jacques Drouin, président et chef de la direction de Prosep. Avec la récession, nos capacités de remboursement sont tombées et on avait un problème de dette.»

Prosep a réussi à convertir environ 8 millions de dettes en capital-actions, et a émis des bons de souscription pour 5 millions. Cette restructuration a entraîné des charges que l'analyste Lawrence Casse évalue à 8,6 millions. En excluant ensuite d'autres éléments exceptionnels comme les effets du taux de change, il estime que les pertes de Prosep atteignent en fait 3,6 millions.

«En considérant le genre d'année que l'industrie pétrolière a vécue, ce n'est pas si mal», dit l'analyste, indiquant que les pétrolières ont sabré leurs dépenses de 18% l'an dernier et que la chute de revenus de Prosep correspond grosso modo à ce chiffre.

La bonne nouvelle, c'est que la remontée du prix du pétrole et l'amélioration du contexte économique poussent maintenant les pétrolières à réinvestir dans l'équipement. M. Casse prévoit une croissance de 12% l'an prochain pour l'ensemble de l'industrie; il croit que Prosep suivra la même courbe, et pourrait même faire mieux si quelques-unes de ses nouvelles technologies font des percées importantes.

«On sent déjà la reprise partout, sauf en Europe où ça semble être plus long», dit le grand patron, Jacques Drouin. L'entreprise dit faire environ 70% de ses affaires en Amérique, comparativement à 5% en Europe et 25% en Asie, une région où ses affaires sont en pleine croissance ("225% l'an dernier en Asie Pacifique).