Il y a déjà eu le pétrole, il y a eu les ressources. Mais le prochain boom financier aura l'agriculture comme catalyseur.

Don Coxe, conseiller stratégique chez BMO Marchés des capitaux et ancien stratège en chef de l'institution, a formulé cette prédiction hier dans une allocution devant une centaine de gestionnaires de placements réunis au siège social de BMO.

M. Coxe base sa prévision sur la situation dans les pays émergents, où les nécessités alimentaires seront de plus en plus importantes. En Inde, pays qu'il connaît bien et qu'il prend comme illustration, la population aura besoin de davantage de produits à haute teneur en protéines, soutient-il. Qui dit protéines dit animaux. Et pour nourrir les animaux, il faudra des céréales, dont du maïs et du soya.

 

Les pays émergents devront produire plus sur le plan agricole, et ils en ont le potentiel. Mais ils auront besoin des technologies, des fertilisants, ou de l'expertise qu'ils pourront trouver notamment en Amérique du Nord. «Pour cette raison, je vois beaucoup de potentiel dans les titres de sociétés nord-américaines du secteur agricole, a dit M. Coxe. Il y a là un énorme potentiel.»

Don Coxe, qui est passé par les hautes instances de la Fédération ontarienne et de la Fédération canadienne de l'agriculture dans les années 60 et 70, va plus loin.

Il pense que pour bénéficier le plus possible de cette demande de produits agricoles de la part des pays émergents, il faudrait le plus possible ouvrir les frontières et libéraliser le marché global agricole. «Mais je sais que cette idée n'est pas très populaire au Québec», précise-t-il.

Or, ressources et républicains

Don Coxe, établi à Chicago où il dirige depuis peu sa propre firme-conseil en investissement, se place dans le camp des optimistes quant aux perspectives économiques globales. Même s'il n'est pas du tout à l'aise avec les titanesques déficits des pays de l'OCDE, à commencer par celui des États-Unis.

Il voit des signes encourageants. D'abord, le secteur manufacturier américain a fait mieux que les autres secteurs de l'économie dans les cinq derniers mois.

Ensuite, il sent venir un nouveau «vent politique», plus favorable économiquement. En d'autres mots, il anticipe une victoire républicaine aux élections de mi-mandat, en novembre, ce qui permettra de mettre un frein à certaines «dépenses stupides» que contiennent les plans de relance américains.

Pour le Canada, M. Cox est d'autant plus optimiste que le marché des ressources, et surtout celui des métaux de base, a plusieurs très belles années devant lui. Encore une fois grâce aux pays émergents. «Et le dollar canadien va grimper, c'est clair.»

L'or ne sera pas en reste, puisqu'il constituera selon lui la protection la plus prisée en cette époque d'énormes déficits.