Hydro-Québec fournira de l'électricité à l'État du Vermont au moins jusqu'en 2038, ce qui rapportera 1,5 milliard $ à la société d'État, a annoncé jeudi le premier ministre Jean Charest.

Il s'agit du renouvellement d'une entente de fourniture d'énergie signée en 1987 - un contrat de 1,2 milliard $ - et qui devait prendre fin en 2016.

En vertu de l'accord, Central Vermont Public Service (CVPS) et Green Mountain Power (GMP) achèteront 225 mégawatts d'électricité à Hydro-Québec sur une période allant de novembre 2012 à 2038.

Confidentiel, le tarif consenti au Vermont sera déterminé selon la valeur médiane du marché.

«On obtient le meilleur prix possible. Chacun y trouve son compte (...) Pour les 26 prochaines années, le prix médian sera celui qui sera payé à Hydro-Québec pour l'énergie. Cela évite les pièges et la volatilité des extrêmes du marché», a dit le premier ministre, en conférence de presse à Québec, aux côtés du gouverneur du Vermont Jim Douglas et du PDG d'Hydro-Québec, Thierry Vandal.

Pour les deux décennies à venir, Hydro-Québec continuera de fournir le tiers de l'énergie consommée dans le petit État bucolique situé au sud de la frontière.

Avec cette entente, le Québec confirme sa volonté ferme d'accroître la richesse collective en exportant son hydroélectricité, a fait valoir M. Charest.

«Pour vous donner une illustration de l'intérêt que cela représente pour l'économie et l'enrichissement du Québec: rappelons que dans la dernière année complète d'Hydro-Québec, huit pour cent de la production est allée à l'exportation et ce huit pour cent de la production a généré 32 pour cent des profits», a déclaré le premier ministre.

L'accord renouvelé se veut aussi un signal très clair à l'endroit des États et des provinces voisines, a poursuivi M. Charest.

«Cela ouvre la porte à des ententes qui peuvent se multiplier», a-t-il souhaité à haute voix.

Du reste, l'entente comporte une clause qui pourrait, à terme, se révéler particulièrement avantageuse pour Hydro-Québec, croit le gouvernement.

En effet, la clause prévoit l'adoption, par la législature du Vermont, d'une loi désignant l'énergie produite par la filière «grande hydraulique» comme étant une énergie renouvelable.

Si jamais Washington décide d'accorder un statut fiscal privilégié à la grande filière hydraulique, le Vermont et Hydro-Québec s'en partageront les bénéfices.

En Jim Douglas, le gouvernement Charest a manifestement trouvé le lobbyiste parfait pour tenter de gagner l'administration américaine aux vertus écologiques de l'énergie hydroélectrique produite à grande échelle.

«J'ai eu le privilège d'en discuter directement avec le président et aussi avec le secrétaire à l'Energie et avec les organismes de régulation de partout en Amérique», a évoqué le gouverneur de l'État qui se targue d'avoir le «portefeuille énergétique le plus propre» des États-Unis.

Comme le Québec, le Vermont «est très préoccupé par la qualité de l'air» et cherche à «minimiser ses émissions de gaz à effet de serre», a ajouté M. Douglas.

L'entente de principe, espèrent les parties, sera entérinée d'ici au 31 juillet.

Par ailleurs, l'achat projeté d'actifs d'Énergie NB par Hydro-Québec n'a pas pesé dans les négociations entre la société d'État et les autorités responsables vermontoises, a tenu à préciser le premier ministre.

Les deux dossiers sont complètement indépendants l'un de l'autre, a-t-il insisté.

«L'entente actuelle ne dépend pas et n'est pas reliée à celle du Nouveau-Brunswick», a dit M. Charest.