SNC-Lavalin s'impatiente. Le temps que prend le projet de terminal méthanier Rabaska à lever de terre à Lévis pousse la firme d'ingénierie à vendre sa participation dans Gaz Métro, promoteur du projet.

«Gaz Métro, ce n'est pas nécessaire pour SNC-Lavalin d'être actionnaire de ça», a expliqué à La Presse Affaires le grand patron de SNC-Lavalin, Pierre Duhaime, après la publication de ses résultats, qui ont enchanté les marchés.

Le projet Rabaska «bat de l'aile un peu», a-t-il expliqué, ce qui rend la participation moins intéressante. «On voyait de la synergie entre les deux organisations», explique-t-il au passé.

Il a estimé à quelque 150 millions de dollars sa participation dans Gaz Métro et son actionnaire majoritaire, Noverco. La participation dans Noverco a été annoncée en juin 2004.

SNC cherche aussi un acheteur pour un pont qu'il a fini de construire l'an dernier à Kelowna, en Colombie-Britannique. Prix visé: «aux alentours de 100 millions», souligne, hésitant, le président et chef de la direction.

Du côté des achats, M. Duhaime se dit toujours intéressé par Énergie atomique du Canada. Mais il précise: «On n'est pas là pour éponger les déficits passés.»Justement, jeudi, le budget fédéral a prévu des fonds de 300 millions pour «couvrir des pertes commerciales anticipées et appuyer les activités d'EACL, notamment la poursuite des travaux d'élaboration du réacteur CANDU avancé, la fourniture sécuritaire d'isotopes médicaux et le maintien d'activités fiables et sécuritaires aux laboratoires de Chalk River». Réactions de M. Duhaime: «Ce n'est pas assez.»

Des résultats salués

Cet entretien avec M. Duhaime avait pour point de départ les résultats du quatrième trimestre de l'entreprise. «On fait bien actuellement », résume celui qui est en poste depuis un peu moins d'un an.

À l'annonce des résultats hier matin, le titre de la firme d'ingénierie a tout de suite fait un bond. Il a fini la journée à 52,35 $, en hausse de 2,20 $ ou 4,4%.

Qu'est-ce que les investisseurs ont tant aimé? D'abord, le bénéfice net qui a bondi à 98,7 millions contre 75 millions en 2008. Par action, il est ressorti à 65 cents. Le marché, selon Thomson Reuters, en attendait 54 cents.

Le dividende a donc été haussé pour une neuvième année de suite, à 17 cents par trimestre (+13%).

Cette performance a été réalisée alors que les revenus étaient en baisse de 18,6% au quatrième trimestre. N'empêche, le carnet de commandes, lui, est bien rempli. Il était à 10,8 milliards à la fin décembre, contre 10,2 milliards trois mois plus tôt et 9,6 milliards à la fin décembre 2008.

Le secteur des produits chimiques et du pétrole est en forte hausse. Par rapport à l'an dernier, le carnet a plus que doublé, à 1,7 milliard.

M. Duhaime est particulièrement content de sa performance quand il la compare à celle de ses concurrents. «On est beaucoup plus diversifiés qu'eux», dit-il, ce qui a aidé SNC à traverser la récession. C'est vrai tant pour les secteurs d'affaires que géographiquement, poursuit-il.

Dans le communiqué annonçant les résultats, M. Duhaime a promis que le «bénéfice net de 2010 sera au moins aussi élevé, sinon plus, que celui de 2009». En entretien, il a toutefois précisé que ses prévisions se basaient sur un budget réalisé en novembre alors que l'économie était encore hésitante.

Il y a peut-être place, donc, pour de bonnes surprises si l'économie mondiale poursuit sur sa lancée actuelle.