Pendant que des petites sociétés minières en détresse cherchaient un sauveur, les grands acteurs ont joué la carte du calme et de la prudence. Si bien que la valeur globale des fusions et acquisitions dans le secteur minier a fondu de moitié en 2009, selon la revue annuelle de la firme PricewaterhouseCoopers (PWC).

Le nombre global de transactions a augmenté de 16%, poussé par la consolidation entre petits acteurs. Mais le nombre de transactions majeures de plus de 1 milliard US est passé de 30 à seulement 12. La valeur moyenne des transactions est tombée de 124 à 52 millions.

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Habituellement générées par la volonté d'expansion des acheteurs, les transactions ont été davantage motivées en 2009 par l'instinct de survie des vendeurs, aux prises avec des bilans un peu trop rouges. Cela rendait les prix particulièrement attrayants.

Tim Goldsmith, analyste mondial principal du secteur minier pour PWC, estime qu'on ne reverra pas de telles aubaines avant longtemps. «L'année 2009 pourrait même être celle des occasions manquées, puisque la plupart des acheteurs n'ont pas pu capitaliser sur les bas prix», observe M. Goldsmith.

«On s'attendait à davantage de transactions, a ajouté Nochane Rousseau, associé responsable de l'industrie minière pour le Québec, dans une entrevue à La Presse Affaires. Par exemple, des sociétés aurifères ont fait beaucoup d'argent en raison du prix de l'or. On a vu beaucoup de discussions dans le secteur, mais très peu ont mené à des transactions.»

Adoptant une attitude prudente pendant la crise financière en raison de l'état de leurs propres bilans, les potentiels acheteurs auront finalement été surpris par la relance rapide des marchés mondiaux, estime Tim Goldsmith.

La plus importante transaction de 2009 (l'achat de l'australienne Felix Resources par la chinoise Yanzhou Coal Mining) n'atteint même pas 3 milliards. Nous sommes loin des 38 milliards offerts par Rio Tinto pour mettre la main sur Alcan, en 2007.

Au début de 2009, Chinalco avait annoncé un investissement de près de 20 milliards dans Rio Tinto, mais celle-ci a abandonné l'idée quelques mois plus tard. Xstrata a aussi proposé la fusion à Anglo American - un projet de près de 37 milliards - mais le groupe suisse s'est retiré par la suite.

La Chine toujours en appétit

L'appétit de la Chine pour les entreprises étrangères est toutefois demeuré le même en 2009. Pensons à la très endettée Teck Resources, dont un fonds souverain chinois a acquis 17% du capital. Ou à la québécoise Canadian Royalties, passée à des intérêts chinois en novembre.

«C'est un bel exemple d'une tendance où les compagnies qui avaient de la difficulté à financer leurs projets devenaient des proies pour des sociétés chinoises qui voulaient diversifier leurs approvisionnements et qui avaient des liquidités pour acheter», note Nochane Rousseau, de PWC.

Pour l'ensemble de l'année 2009, les investissements chinois représentent 22% de toutes les fusions et acquisitions. La Chine se cache aussi derrière le quart de la valeur des transactions visant des sociétés canadiennes (12,1 milliards).

Optimisme prudent

Pour 2010, un optimisme prudent est de mise dans le secteur minier, soutient PWC. Le nombre de transactions devrait augmenter avec l'augmentation du prix des ressources, une meilleure disponibilité du crédit, et une amélioration de la confiance des investisseurs. La volonté d'expansion reprendra son rôle de moteur des transactions. «Mais je doute qu'on revienne dès 2010 à d'immenses transactions comme nous avions vu en 2007 ou 2008», précise Nochane Rousseau.