On l'entend sur tous les toits: le refus du gouvernement fédéral d'imposer des obligations de réduction aux entreprises a plombé le marché du carbone au Canada.

Mais ça risque de changer bientôt.

En fait, des projets comme ceux de Chauffage et climatisation urbains de Montréal font office de répétition générale pour les firmes comme Solutions L2i et GDTS Environnement impliquées dans le marché du carbone.

« Il va avoir de grands développements prochainement. Il y a beaucoup de choses qui s'en viennent », dit Roger Fournier, de GDTS, qui est même allé cogner à la porte de l'Ordre des comptables agréés pour les avertir des opportunités à venir.

Parce que si les gouvernements fédéraux canadien et américain n'ont pas encore imposé de réductions d'émissions, plusieurs provinces et États, eux, avancent.

Le Québec, par exemple, a joint le Western Climate Initiative (WCI), un futur marché de plafonds et d'échanges qui regroupe sept États américains dont la Californie et quatre provinces canadiennes (le Québec, l'Ontario, le Manitoba et la Colombie-Britannique).

Dès cette année, les entreprises québécoises devront remettre au gouvernement un bilan de leurs émissions de GES. Dans deux ans, celles qui doivent réduire leurs émissions pourront commencer à échanger des crédits de carbone.

Pour plusieurs, c'est à ce moment que le marché décollera enfin.

S'il faut une preuve que les attentes sont bel et bien là, il suffit de jeter un coup d'oeil aux prix du carbone.

À première vue, la dynamique des prix en Amérique du Nord est à n'y rien comprendre. À la Bourse climatique de Chicago, le prix d'un crédit équivalent à une tonne de carbone végète actuellement autour de 10 cents US.

À New York, pourtant, le courtier TFS Energy a enregistré des prix moyens entre 3,25 $ US et 4,25 $ US la tonne de carbone l'an dernier. Et quand Yves Legault a évalué l'impact commercial des projets de réduction de CCUM, il a utilisé un prix de 4,50 $ CAN la tonne pour 2010.

De la pure folie? Non. C'est qu'Yves Legault fait le pari que les tonnes évitées de la CCUM seront reconnues par les marchés réglementés comme le WCI et pourront y être transigées.

Son pari, il le base sur le fait que les tonnes de la CCUM ont été évitées, calculées et vérifiées selon une méthodologie plus récente et plus rigoureuse que celle utilisée pour les tonnes qui se transigent à Chicago, par exemple.. Leur prix élevé reflète le fait que le marché croit qu'elles s'inséreront un jour dans le marché réglementé.

Et montre à quel point les attentes sont élevées envers ces futurs marchés.