Le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, demande au gouvernement Harper et plus particulièrement au ministre Christian Paradis d'intervenir avec vigueur pour empêcher la fermeture de la raffinerie Shell dans l'est de Montréal.

M. Duceppe a fait valoir, jeudi, que Christian Paradis est le mieux placé pour intervenir, parce qu'il est ministre des Ressources naturelles et lieutenant politique du Québec.

«Il (M. Paradis) a l'occasion de faire ses preuves, a lancé M. Duceppe. Il a dit qu'il servirait le Québec. On va le prendre aux mots. Qu'il nous démontre qu'il peut le faire et la première des choses serait de répondre à l'invitation du syndicat et des travailleurs de Shell.»

Le chef bloquiste déplore d'ailleurs la prorogation du Parlement par les conservateurs, ce qui permet à M. Paradis d'éviter de répondre aux questions à ce sujet en Chambre.

M. Duceppe et le président du syndicat des 520 employés de la raffinerie, Jean-Claude Rocheleau, ont fait part de leur inquiétude, jeudi, devant la tournure récente des événements.

En décembre, Shell disait avoir des acheteurs potentiels pour la raffinerie, qui est rentable. Or, ces acheteurs se sont tous retirés du dossier sans que l'on ne sache trop pourquoi.

La pétrolière, pendant ce temps, songerait à fermer la raffinerie en avril, ce qui ne laisserait que très peu de temps pour négocier une vente des installations.

«Ça commence à presser, ça commence à être urgent, a fait valoir M. Rocheleau. Parce qu'il faut toujours penser que ce n'est pas juste une raffinerie qui va fermer, mais ce qu'on est en train de parler, c'est la disparition d'une grappe industrielle importante pour le Québec.»

M. Rocheleau a de plus fait remarquer que des installations de cette nature commencent à se détériorer dès la cessation des activités.

MM. Duceppe et Rocheleau estiment que le gouvernement Harper doit faire pression sur l'entreprise pour qu'elle maintienne la raffinerie en opération jusqu'à ce qu'un acheteur soit trouvé, d'une part, et d'autre part, afin qu'elle mette tout en oeuvre pour trouver un acheteur.

Gilles Duceppe soutient que cette fermeture risque d'avoir un impact négatif sur les prix de l'essence et accroîtra la dépendance du Québec envers le pétrole raffiné à l'extérieur. Par ailleurs, il a estimé que le nombre de pétroliers circulant sur le fleuve pourrait être multiplié par 80 à la suite de cette fermeture.

En entrevue à La Presse Canadienne, Christian Paradis s'est dit ouvert à rencontrer les travailleurs à leur demande.

Il a toutefois précisé qu'il s'agissait-là d'une décision d'affaires et il a laissé sous-entendre que ce n'était pas au gouvernement d'intervenir. Il en a profité, au passage, pour reprocher à M. Duceppe de politiser le dossier, en le liant à l'appui des conservateurs à l'exploitation des sables bitumineux d'Alberta.

«Ce qui m'importe c'est le sort des travailleurs présentement. S'ils veulent avoir une rencontre avec moi et mon équipe, ça me fera plaisir de m'asseoir avec eux», a dit M. Paradis.

De son côté, le premier ministre Jean Charest, qui participe au Forum économique mondial à Davos en Suisse, a dit vouloir tout faire pour trouver un acheteur pour la raffinerie.

«On a demandé à Shell qu'ils repoussent au 1er juin ce qu'ils avaient déjà annoncé», a précisé M. Charest.

«Dans un dossier comme ça c'est très important d'aller au bout de toutes nos démarches et de ne pas baisser les bras. (...) Je suis assez optimiste sur l'accueil que la demande va recevoir de la part de Shell. (...) On va se donner toutes les chances de récupérer ou de faire fonctionner la raffinerie», a-t-il ajouté.