C'était un des beaux succès de l'exploration minière. Tellement beau en fait, que Freewest Resources (V.FWR), avec ses quelque 210 millions de dollars de capitalisation, était devenue l'entreprise québécoise valant le plus à la Bourse de croissance TSX.

Hier matin, plus personne n'échangeait les actions de Freewest. Les actionnaires venaient d'obtenir leur participation dans l'américaine Cliffs Natural Resources. C'est donc une entreprise de Cleveland qui exploitera les découvertes de Freewest.

À son bureau hier, le président et chef de la direction de Freewest, Mackenzie Watson, avait tout sauf le vague à l'âme. «Nous autres, on fait dans l'exploration. On n'est pas des exploitants de mines», explique l'homme de 74 ans, qui porte fièrement la pioche des explorateurs miniers à la boutonnière. Ce qui intéressait tant Cliffs, ce sont les découvertes de chromite dans le nord de l'Ontario. Ce métal entre dans la fabrication de l'acier inoxydable.

Les Américains devront dépenser environ 1 milliard pour ouvrir la mine, selon M. Warson. Ceux-ci étaient déjà actionnaires (à 12%) de l'entreprise montréalaise quand ils ont déposé une offre d'achat l'an dernier, qui a mené à une surenchère.

En trois mois, le titre de Freewest a presque quintuplé, ce qui l'a mené au sommet des capitalisations boursières québécoises à la Bourse des entreprises émergentes.

«C'est vrai qu'on est les plus élevés?» demande M. Watson, à notre arrivée dans son bureau. Il ne connaissait pas la statistique, que La Presse Affaires a découverte grâce à la base de données de Bloomberg.

Discret, M. Watson s'est tenu loin des feux de la rampe. Ce qu'il aime, «c'est aller dans le bois», dit-il, photos à l'appui posées sur de grands classeurs pleins de dossiers rangés dans des chemises bleues. À côté, les plaques de prospecteur de l'année s'accumulent. En 1991, c'était le titre canadien. L'année suivante, il décrochait le prix des prospecteurs québécois. Il a remporté le prix de la découverte de l'année en 2003 dans le nord de l'Ontario et, cette année, il partagera le titre de prospecteur de l'année au Canada avec quatre autres personnes.

Ces prix sont venus récompenser des découvertes qui en diront beaucoup aux initiés, comme le gisement de la mine d'or Harker Holloway, en Ontario, et celui de la mine de cuivre Icon-Sullivan, près du lac Mistassini, dans le nord du Québec.

«Ça fait 50 ans que je travaille dans le domaine de l'exploration, dit-il, c'est assez.» Il entend consacrer une bonne partie de son temps à siéger à des conseils d'administration et présider celui de Quest Uranium Corporation.

Mais pas besoin de creuser bien longtemps pour apprendre que Freewest demeurera active, sans être inscrite en Bourse. M. Watson lui-même compte reprendre le pic et la pelle pour explorer le territoire québécois, probablement autour de Chibougamau, là où il a fait sa première découverte à sa sortie de l'université. «Il y a de l'or, du zinc et du cuivre... Je n'ai pas de claims (des permis d'exploration), mais je vais en avoir.»

«C'est pas bon pour la santé d'arrêter de travailler.» Mais si jamais l'envie lui prenait de s'arrêter en chemin pour une partie de pêche, il pourra se le permettre: la vente de son bébé lui aura rapporté environ 2 millions.

Demain dans La Presse Affaires, découvrez quelles sont les autres plus importantes entreprises québécoises du TSX Croissance.