Rio Tinto Alcan est intéressée par l'offre de Terre-Neuve qui veut attirer des alumineries sur son territoire avec l'électricité de son mégaprojet du Bas-Churchill.

«Toute électricité à prix abordable et prévisible nous intéresse. Et c'est sûr qu'on a un biais important, en plus, pour de l'électricité propre et renouvelable», a indiqué hier à La Presse Affaires Jacynthe Côté, chef de la direction de Rio Tinto, après s'être adressée à la Chambre de commerce du Montréal métropolitain.

Selon Jacynthe Côté, les discussions avec Terre-Neuve ne sont pas assez avancées pour en parler publiquement. «Lorsque les projets sont prêts à discuter publiquement, on le fait. Je fais juste réitérer que c'est sûr qu'on a de l'intérêt quand les prix sont abordables et prévisibles».

Alors que le Québec veut augmenter le prix de son électricité, Terre-Neuve cherche des marchés pour l'électricité abondante et peu coûteuse du Bas-Churchill. Vendre cette énergie sur le marché américain est difficile, parce qu'il faut passer par le Québec. L'implantation d'entreprises qui consommeraient cette énergie sur place en créant de l'emploi est donc une alternative intéressante pour Terre-Neuve. Des discussions sont en cours avec tous les producteurs d'aluminium, a indiqué Ed Martin, le président de Nalcor, la société énergétique de Terre-Neuve. Ces entreprises pourraient investir dans le développement du Bas-Churchill, a-t-il précisé.

Rio Tinto Alcan est à l'écoute de ce genre de proposition. «Avec un gros fil électrique, pas trop loin d'un cours d'eau ou d'un chemin de fer pour expédier nos produits, on peut développer une région», assure Jacynthe Côté, qui travaille actuellement sur un projet d'aluminerie au Paraguay.

Au Québec, l'entreprise est prête à continuer d'investir à condition d'avoir de l'électricité «à prix raisonnable et prévisible», a-t-elle prévenu. «Il faut souhaiter que le gouvernement du Québec, malgré ses impératifs financiers, comprenne combien il est essentiel de maintenir pour l'industrie des tarifs d'électricité qui incitent au développement.»

Il y a presque un an que Jacinthe Côté a pris les rênes de la division aluminium de Rio Tinto. Depuis, le marché s'est considérablement amélioré mais pas encore assez, selon elle. «On a besoin de deux ou trois trimestres pour voir où la demande va se situer une fois que le stimuli des gouvernements vont s'atténuer», a-t-elle expliqué.

Il n'est donc pas question pour Rio Tinto Alcan de remettre les gaz. Les investissements déjà annoncés au Saguenay se poursuivent, a-t-elle précisé, mais toujours au ralenti.

Rio Tinto prévoit investir entre 5 et 7 milliards dans la région, notamment dans la construction d'une aluminerie utilisant une nouvelle technologie prometteuse, l'AP50. «La bonne nouvelle, c'est que le projet continue», a souligné Jacynthe Côté. L'autre projet majeur est l'agrandissement de l'aluminerie d'Alma.

La récession a bousculé les projets de Rio Tinto Alcan, dont l'agrandissement de son siège social à Montréal, qui fait partie des engagements pris par l'entreprise envers le gouvernement du Québec en échange du renouvellement de ses droits hydrauliques.

Ce projet est toujours vivant, a fait savoir la chef de la direction. «On regarde différentes options. Nous allons commencer à investir en 2010. Nous avons pris un engagement envers le gouvernement et nous allons le respecter».

Lutte au décrochage

Jacynthe Côté a profité de la tribune qui lui était offerte pour annoncer une contribution de 15 millions de Rio Tinto Alcan pour prévenir le décrochage scolaire. Cet argent proviendra du Fonds Rio Tinto Alcan créé lors de l'acquisition d'Alcan par Rio Tinto et il sera remis à des organismes communautaires qui travaillent déjà auprès des jeunes.

La chef de la direction de Rio Tinto Alcan a rappelé de tristes statistiques. «Chaque année, 28 000 jeunes Québécois rejoignent les rangs des décrocheurs», a-t-elle souligné, ce qui représente des coûts importants pour la société.