Royal Dutch Shell (RDS.B), deuxième société pétrolière en Europe, est sous la loupe d'actionnaires qui s'interrogent sur les risques de placement dans ses projets dans les sables bitumineux au Canada. Et ces interrogations surviennent au moment où des groupes environnementaux s'objectent aux plans de développement de la société.

Ainsi, une coalition de 142 actionnaires a demandé un examen des risques dans une résolution qui doit être soumise à l'actionnariat au cours de l'assemblée annuelle de Shell en mai prochain, selon FairPensions, qui coordonne la campagne des investisseurs. Selon un communiqué de FairPensions, Shell s'expose à un certain nombre de risques, dont une hausse probable des coûts associés à l'émission de gaz à effet de serre et à des dommages potentiels à sa réputation en raison de la dégradation de l'environnement.

Hier, dans un courriel, Shell a dit s'attendre à ce que la résolution figure à l'ordre du jour de l'assemblée du 18 mai. Les actionnaires qui soutiennent la requête représentent environ 0,15% des actions en circulation, alors que les sables bitumineux forment 8,4% des réserves prouvées de Shell. La société aura jusqu'à l'assemblée des actionnaires de 2011 pour terminer son examen, a indiqué la coalition.

Des entreprises d'énergie ont commencé à extraire du pétrole lourd de sables bitumineux au Canada et au Venezuela parce que les progrès technologiques et la hausse des prix du brut ont rendu la production faisable. Mais des sociétés pétrolières ont dû faire face aux protestations d'activistes qui s'insurgent contre les émissions de gaz à effet de serre produites par de tels projets. En septembre dernier, Greenpeace a forcé Shell à interrompre sa production quotidienne de 155 000 barils par jour à son projet de Muskeg River, en Alberta, après que 25 manifestants eurent réussi à s'enchaîner à de l'équipement.

Selon Greenpeace, il faut de trois à cinq fois plus d'énergie pour extraire le pétrole des sables bitumineux qu'il en faut pour produire du brut conventionnel. Les projets envisagés dans les sables bitumineux en Alberta augmenteront les émissions gaz à effet de serre de quelque 140 millions de tonnes par année d'ici 2020, soit à peu près les émissions actuelles de la Belgique, soutient Greenpeace.