Le sentiment anti-Québec est marginal au Nouveau-Brunswick, a insisté hier le premier ministre Jean Charest. L'entente conclue avant les Fêtes pour permettre à Hydro-Québec d'acheter Énergie Nouveau-Brunswick a dû être modifiée; le résultat sera «meilleur pour le Québec et mieux accepté au Nouveau-Brunswick», a-t-il soutenu hier.

Les détails de la nouvelle entente doivent être rendus publics ce matin, dans des conférences de presse simultanées à Québec et à Fredericton. Hier à la clôture du caucus spécial de ses députés, en prévision de la rencontre économique qui débute ce soir, M. Charest a d'abord soutenu que le débat électoral au Nouveau-Brunswick avait pesé lourd dans la balance. Le jeu électoral, «cela compte tout le temps», a-t-il laissé tomber, rappelant que dès le début, Hydro et le gouvernement du Québec avaient prévenu que l'entente devait être acceptée par la population du Nouveau-Brunswick.

Hydro devait acheter avant les Fêtes l'ensemble des installations de production et de distribution d'Énergie Nouveau-Brunswick, au coût de 4,8 milliards. Les consommateurs bénéficiaient d'un gel tarifaire de cinq ans, et les sociétés d'un rabais de 30% de leurs coûts d'énergie.

Mais l'accord conclu fin 2009 a soulevé un tollé dans plusieurs provinces, en particulier à Terre-Neuve, où le premier ministre conservateur Danny Williams y a vu une opération permettant au Québec de bloquer les exportations d'énergie de sa province vers les États-Unis.

Pour Jean Charest, évoqué maintes fois dans les médias, et même par le premier ministre Graham, le sentiment anti-Québec au Nouveau-Brunswick reste marginal, «le fait d'une très petite minorité qui ne représente pas le sentiment de la population du Nouveau-Brunswick», des «voix qui aimeraient bien exprimer des points de vue discordants mais qui ne représentent pas l'opinion publique au Nouveau-Brunswick», a-t-il dit.

M. Charest ne sent pas que le Québec est mis au ban des provinces, par ailleurs. Les récriminations récentes au Nouveau-Brunswick, celles constantes de Terre-Neuve et la froideur de l'Alberta dans le dossier environnemental ne témoignent pas d'un isolement du Québec. Il en tient pour preuve la longue liste d'ententes conclues par le Québec avec d'autres gouvernements, des provinces canadiennes comme des États de Nouvelle-Angleterre. Québec négocie actuellement avec l'Île-du-Prince-Édouard pour la vente d'énergie. Il a des ententes à long terme avec le Vermont et négocie avec New York et le New Hampshire. Le gouverneur du Maine, John Baldacci, est aussi «très intéressé au concept de carrefour énergétique dans l'Est (du continent)». Sur la mobilité de la main-d'oeuvre, le Québec vient de conclure une entente avec l'ensemble des provinces, et un autre accord est conclu avec l'Ontario sur le commerce.

«Je pense que le bilan est assez bon. Nos relations sont assez bonnes», a souligné M. Charest.