Le Conference Board du Canada estime que l'exploitation des sables bitumineux en Alberta ne devrait pas être clouée au pilori pour la pauvre performance du Canada en ce qui concerne les émissions de gaz à effet de serre (GES).

Dans un rapport dévoilé mardi, ce groupe de réflexion privé a rappelé que le transport routier avait compté pour 18% des émissions canadiennes de GES en 2007. En comparaison, l'exploitation des sables bitumineux a produit 5% des émissions canadiennes durant la même année, selon le Conference Board.

«Ce qui est perçu comme le talon d'Achille des sables bitumineux est le niveau plus élevé d'émissions de gaz à effet de serre», ont déclaré par voie de communiqué les auteurs du rapport, Len Coad et Glen Hodgson.

Le rapport du Conference Board reconnaît que les émissions provenant des sables bitumineux augmenteront au fur et à mesure que la production doublera d'ici dix ans. Mais il ajoute que les consommateurs d'énergie ont, eux aussi, un rôle à jouer.

Selon M. Coad, directeur des Politiques de l'énergie, de l'environnement et du transport du Conference Board du Canada, les politiciens doivent prendre en considération les émissions de GES pour un baril durant un cycle de vie complet - soit de l'extraction du pétrole brut jusqu'à la combustion du carburant dans les véhicules- lorsqu'ils mettent sur pied des politiques sur les changements climatiques.

«Envisagez des politiques, des règlements, des mesures, des actions qui aideront à réduire les émissions de gaz à effet de serre dans chaque partie de la chaîne», a-t-il affirmé au cours d'une entrevue.

«La part (des émissions de GES) liée à la production s'établit habituellement à entre 20 et 35%, tout au plus, sur l'ensemble des émissions attribuables à un gallon d'essence consommé, et le reste est imputable au véhicule, a-t-il fait valoir. Alors concentrons nos efforts sur les deux, pas seulement sur un.»

Des groupes écologistes se sont également prononcés en faveur d'une politique sur les changements climatiques bien équilibrée, selon Simon Dyer, directeur du programme sur les sables bitumineux du groupe de réflexion environnemental Pembina Institute.

Mais cela ne signifie pas qu'on devrait laisser tranquilles les exploiteurs de sables bitumineux, a-t-il toutefois précisé.

«Nous avons besoin de politiques de réduction des émission des gaz à effet de serre significatives qui s'appliquent à tous les pollueurs, sans entente spéciale pour les (exploiteurs) de sables bitumineux», a argué M. Dyer.

«La plupart des personnes qui veulent s'attaquer aux gaz à effet de serre ne cherchent pas à montrer du doigt les sables bitumineux, a-t-il poursuivi. Elles ne demandent qu'aux (exploiteurs de) sables bitumineux de faire leur juste part, et cela n'est actuellement pas le cas.»

Mais alors que le rapport du Conference Board affirme que les émissions de GES sont perçues comme le talon d'Achille des sables bitumineux, Simon Dyer, lui, estime qu'il existe d'autres problèmes environne mentaux posant une plus grande menace à court terme. Par exemple, les immenses bassins à résidus où sont conservées les eaux usées toxiques provenant des usines de sables bitumineux.

«Il a en quelque sorte donné l'impression d'aborder certaines questions environnementales assez superficiellement», a-t-il conclu à propos du rapport du Conference Board du Canada.