La vague de froid qui s'est abattue sur une grande partie de l'hémisphère nord a porté les prix du pétrole à leurs plus hauts niveaux depuis la fin octobre lundi à New York, le marché anticipant une hausse de la consommation d'énergie et une baisse des stocks pétroliers.

Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de «light sweet crude» pour livraison en février a terminé à 81,51$, en hausse de 2,15$ par rapport à jeudi.

Il a touché en séance 81,68$, un niveau qu'il n'avait plus atteint depuis le 21 octobre, lorsqu'il était grimpé à 82$, son prix le plus élevé de l'année 2009.

À Londres, sur l'InterContinentalExchange, le baril de Brent à échéance identique a gagné 2,19$ à 80,12$.

Le marché pétrolier a été entraîné «par le froid qui règne actuellement, et pas seulement aux États-Unis», a souligné Andy Lipow, de Lipow Oil Associates. «La demande pour le fioul de chauffage va se traduire par une demande (plus forte) pour le brut», a-t-il expliqué.

Des températures glaciales ont touché lundi une partie de l'Europe et de l'Amérique du Nord. À Miami, dans le sud-est des États-Unis, les températures ont approché zéro, ce qui n'était plus arrivé depuis près de 10 ans.

En Chine et Corée du Sud, Pékin et Séoul ont connu leurs plus fortes chutes de neige en plus de 60 ans. En Inde, au moins 42 personnes ont succombé au cours du week-end à une vague de froid qui s'est abattue dans le Nord.

Pour les analystes, le froid devrait stimuler la consommation d'énergie, ce qui devrait réduire les excédents de stocks pétroliers, actuellement très importants.

«Cela a un impact, surtout en Asie, où le kérosène reste un fioul de chauffage important», a reconnu Antoine Halff, de Newedge Group, pour qui «il ne faut pas exagérer l'importance» du phénomène. «Aux États-Unis c'est un facteur de plus en plus marginal, c'est important dans le nord de la côte Est. En Europe cela reste surtout important en Allemagne. Mais dans l'ensemble il y a eu un mouvement de conversion ces 15 dernières années du pétrole vers le gaz naturel, pareil pour la production d'électricité», a-t-il nuancé.

Aux États-Unis, les réserves ont déjà nettement reculé lors des dernières semaines.

«Les courtiers se concentrent sur les chutes spectaculaires qu'ont connues récemment les réserves de produits distillés» aux États-Unis et «anticipent une chute encore plus forte» dans les statistiques hebdomadaires qui seront diffusées mercredi, a estimé Phil Flynn, de PFG Best Research.

Plus généralement, selon Andy Lipow, «les gens anticipent de la croissance économique pour 2010, ce qui va se traduire par une hausse de la demande pour le brut et les produits pétroliers, en premier lieu grâce à la reprise en Chine».

Les opérateurs ont accueilli positivement l'annonce vendredi d'une progression de l'activité manufacturière en Chine, en décembre pour le 10e mois consécutif, selon l'indice des directeurs d'achat (PMI) officiel.

Les cours du pétrole, après avoir été presque divisés par cinq en 2008, ont rebondi de 77,94% en 2009.

«On avait eu de grosses prises de profits à la fin de l'année», a noté Antoine Halff. «En fin de trimestre les gérants de fonds avaient cherché à engranger des profits pour l'année, et donc en janvier ils reviennent sur le marché et réinvestissent de plus belle».

Autre facteur de soutien pour les cours: les tensions entre la Russie et le Belarus au sujet des livraisons de pétrole, qui, en cas d'escalade, pourraient affecter les approvisionnements vers l'Europe de l'Ouest.

En janvier 2007, un conflit similaire avait conduit à une brusque fermeture de l'oléoduc Droujba, privant cinq pays européens de brut russe pendant plusieurs jours.