L'OPEP, qui vient de clore une brève réunion sur le sol angolais, a maintenu mardi comme prévu ses quotas de production de pétrole en se félicitant des prix du baril, même si la fragilité de la reprise économique mondiale continue à jeter une ombre.

«C'est un maintien» des niveaux de production, a affirmé en quittant la réunion le ministre algérien du Pétrole, Chakib Khelil.

Rassemblés à Luanda dans un centre de conférence tout juste inauguré, les douze États membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) maintiennent donc leur objectif de production à 24,84 millions de barils par jour (mbj), un niveau décidé il y a un an pour enrayer la chute du baril tombé à 32 dollars.

Depuis, les cours se sont rapidement ressaisis et évoluent aujourd'hui autour de 75 dollars.

La peur panique qui s'était emparée des pays producteurs, inquiets de voir leurs ressources se tarir, laisse donc place à une satisfaction évidente.

«Les prix sont excellents», a résumé le ministre saoudien du Pétrole Ali Al-Nouaïmi, chef de file de facto de l'Organisation.

«Les prix se sont établis à des niveaux plus confortables», a abondé le président en exercice de l'OPEP, José Maria Botelho de Vasconcelos, dans son discours d'ouverture.

L'horizon n'est pourtant pas entièrement dégagé : l'abondance de l'offre pétrolière et la fragilité de la demande risquent toujours d'entraîner les prix du pétrole à la baisse.

Les stocks de brut atteignent des niveaux historiquement élevés dans les pays riches. 55 millions de barils de brut et 98 millions de barils de produits pétroliers s'entassent par ailleurs dans des bateaux à l'ancre, selon l'Agence internationale de l'énergie (AIE).

Les réserves «sont un peu élevées», observe le secrétaire général de l'OPEP M. el Badri, ajoutant que l'OPEP devait «les ramener à des niveaux raisonnables».

Ce voeu pourrait cependant rester lettre morte. Selon l'AIE, les pays du cartel respectent de moins en moins leurs quotas et les appels à une plus grande discipline ont été plutôt rares à Luanda.

Les ministres braquent davantage leur regard sur la reprise économique, qui conditionne la demande mondiale d'or noir.

«Des doutes sur les moteurs de la reprise économique persistent», a affirmé José Maria Botelho de Vasconcelos, citant les «incertitudes persistantes dans le secteur financier» et s'inquiétant d'un arrêt prématuré des plans de relance.

Une inquiétude relayée par le cabinet londonien CGES, qui a estimé lundi que la demande mondiale de pétrole était récemment repartie à la baisse, la reprise semblant «chanceler» dans les pays développés.

Un autre sujet de préoccupation s'est en revanche évaporé entre Vienne et Luanda. En septembre, le cartel s'inquiétait de l'offensive mondiale contre le réchauffement climatique et de l'appel à réduire la consommation d'énergies fossiles, dont le pétrole.

Mais la donne a changé depuis l'échec la semaine dernière des négociations de Copenhague sur le climat. Et à Luanda, les ministres de l'OPEP avaient peine à cacher leur soulagement.

«Nous ne sommes pas inquiets (par le texte de Copenhague, ndlr). Il y a des moyens de réduire des émissions de CO2 sans arrêter la consommation d'énergies fossiles», a affirmé M. Nouaïmi.

«Le fait qu'une taxe carbone n'ait pas été mise en place nous satisfait parce que cela aurait pénalisé les pays producteurs», a souligné de son côté le ministre algérien Chakib Khelil, qui s'est toutefois dit déçu du résultat de Copenhague.

Selon lui, les engagements pris par les pays riches de financer des transferts de technologie énergétique vers les pays du Sud n'ont pas été réitérés à Copenhague. «C'est un pas en arrière», a-t-il estimé.