Vingt barils de pétrole par jour en Gaspésie grâce à un nouveau puits. Ce n'est pas l'Arabie Saoudite, loin de là, mais les dirigeants de Pétrolia (V.PEA) , eux, fondent beaucoup d'espoir sur cette découverte annoncée hier.

Ces 20 barils quotidiens qui ont giclé de terre entre Gaspé et Percé s'ajoutent à une quarantaine d'autres que peut produire un autre puits, nommé Haldimand 1. Quand même, on n'en est qu'à 60 barils par jour. Pour une entreprise qui aura investi une douzaine de millions dans ses opérations du coin, la rentabilité est encore loin.

Pourtant, au bout de son cellulaire, dans l'autobus qui le ramène à Rimouski, le président de Pétrolia, André Proulx, voit les choses autrement. Ces 60 barils actuels ne sont qu'un début. «On pourrait augmenter ce débit-là de façon considérable», dit-il, précisant qu'il est «un réaliste». «On a les deux pieds sur terre.»

Comment augmenter la production? En fractionnant les puits, c'est-à-dire en y réinjectant des hydrocarbures pour briser la roche dans laquelle se trouve le pétrole.

Cette méthode, plus complexe que celle utilisée dans des puits conventionnels, a fait ses preuves en Saskatchewan, explique M. Proulx.

Dans le cas du troisième puits de Pétrolia dans la région nommé Haldimand 2, M. Proulx fait état de 470 mètres d'épaisseur de roches qui contiennent du pétrole. Pour lui, la présence de pétrole en quantité dans la région ne fait pas de doute. «Le vrai problème, c'est: est-ce qu'on est capable de l'exploiter?»

Les résultats de ces fractionnements devraient être connus ce printemps.

Pétrole ou gaz?

Junex, autre entreprise d'exploration québécoise, détient 35% du puits Haldimand 1 et 2. Le mois dernier, elle a vendu 42 barils à la raffinerie Ultramar de Lévis, du pétrole couleur sirop d'érable qui a jailli du sol à Saint-Augustin-de-Desmaures, près de Québec.

Aussi surprenante que fut la découverte, Junex cherche encore du gaz, pas du pétrole, explique son vice-président aux affaires corporatives, Dave Pépin. «C'est sûr que le focus de l'entreprise, c'est les shales (schistes de l'Utica)», dit-il. Et l'annonce d'hier ne la fait pas déroger de sa priorité.

Embellie en Bourse

D'autres acteurs qui explorent les schistes entre Montréal et Québec le long du Saint-Laurent bénéficient d'ailleurs ces jours-ci d'une embellie en Bourse, provoquée par l'annonce lundi de l'achat de XTO Energy par Exxon Mobile. XTO est un important producteur de gaz naturel.

C'est le cas de Questerre, de Calgary. Sur les ondes du Business News Network, le président de Questerre, Michael Binnion, a qualifié de «fantastique» la nouvelle du rachat de XTO. Ces trois derniers jours, son titre a pris plus de 25% pour atteindre hier un nouveau sommet annuel, à 2,98$. Ce n'est pas le cas de Junex, dont le titre a pris moins de 3%, à 1,57$ hier.

M. Binnion estime que 2010 sera une année de transition pour son entreprise et qu'elle lui permettra de décider de la commercialisation ou non du gaz dans les basses terres du Saint-Laurent.

Hier, le titre de Pétrolia a pris 2 cents, à 89 cents, à la Bourse de croissance.