On l'appelle l'or rose. Pourtant, l'avenir de la potasse paraissait plutôt sombre en 2009, snobée par les agriculteurs qui la trouvaient trop chère. Mais voilà qu'avec l'année qui achève, les investisseurs recommencent à croire en son potentiel.

Un chiffre ou deux pour montrer l'ampleur de la débâcle. Ces cinq dernières années, la demande mondiale de potasse a dépassé en moyenne les 50 millions de tonnes annuellement. Pour l'année en cours, on prévoit qu'elle dépassera à peine les 30 millions: 31 millions selon Fai Lee, de RBC Marchés des capitaux, 32 millions d'après Keith Carpenter, de Canaccord Adams.

Les deux s'entendent aussi pour dire qu'une demande si faible n'est pas soutenable, que les agriculteurs vont devoir se remettre à épandre des fertilisants s'ils veulent faire pousser autre chose que des mauvaises herbes.

«Avec plusieurs signes positifs qui commencent à émerger dans le marché de la potasse, a écrit M. Carpenter au début du mois, - ce qui inclut une plus grande confiance des fermiers américains, la demande pour les fertilisants qui augmente en Amérique du Nord (quoique lentement), la demande intérieure pour la potasse qui reprend en Chine avec de meilleurs prix et une plus grande demande attendue à court terme en Malaisie, en Indonésie et au Brésil - la confiance revient dans le secteur.»

M. Carpenter n'est pas le seul à avoir senti ce vent tourner. La valeur des titres de Potash Corp. [[|ticker sym='T.POT'|]] - le plus grand producteur de potasse au monde - a gagné plus de 50% depuis son creux d'il y a un an, dont plus de 20% cet automne.

Agrium [[|ticker sym='T.AGU'|]], autre entreprise de l'Ouest qui produit de la potasse et d'autres fertilisants, a fait encore mieux, gagnant 85% sur un an.

Les analystes sondés par Bloomberg donnent d'ailleurs un meilleur score à Agrium qu'à Potash. Les deux tiers recommandent l'achat d'Agrium, comparativement à un peu moins de 50% pour Potash.

Le 7 décembre, les analystes d'UBS ont d'ailleurs fait passer à «acheter» leur recommandation sur Agrium, mentionnant que la valeur des autres grands producteurs de fertilisants anticipait déjà une reprise mondiale.

L'analyste de Canaccord Adams opte depuis l'été dernier pour une autre stratégie: la rotation des titres favorise Potash Corp.

L'explication de M. Carpenter est la suivante: comme les prix de la potasse se rapprochent de leur creux, les investisseurs ont diminué leurs positions dans Potash Corp. Quand les prix reprendront, ils voudront y revenir.

En attendant la Chine

Pendant le boom des matières premières de 2008, le prix de la potasse a dépassé les 1000$US la tonne, avant de redescendre autour de 700$US l'été dernier. Aujourd'hui, il avoisine les 400$US.

Les Chinois doivent bientôt signer un important contrat d'approvisionnement. M. Carpenter s'attend à ce que sa valeur soit «de moins de 400$US, sans aucun doute».

Ce contrat, qui se fait attendre depuis des mois, est important selon lui parce qu'il permettra d'établir un prix plancher. Il s'attend à ce que l'entente soit conclue d'ici février, ce qui pourrait permettre aux producteurs de potasse d'entreprendre 2010 avec un peu plus de rose dans leurs prévisions.