Avec les prix du métal jaune qui flirtent avec des records, les gros producteurs d'or ont les poches qui débordent par les temps qui courent. Et ils pourraient bien se tourner bientôt vers les petites sociétés d'exploration... pour les avaler.

C'est en tout cas ce que croient plusieurs analystes du secteur minier, qui prétendent que les astres sont maintenant alignés pour que les gros producteurs commencent leur saison de magasinage.

«Nous sommes dans une partie du cycle où les acquisitions deviennent beaucoup plus probables», croit Victor Gonçalves, analyste de la publication Equities&Economics Report.

«Le potentiel est là», confirme David Haughton, de BMO Marchés des capitaux, qui souligne que l'activité de fusions et acquisitions a été «anormalement tranquille» entre 2007 et 2009 et qu'il est «fort probable» qu'elle reparte éventuellement vers le haut.

Leur réflexion est simple. D'un côté, les prix de l'or sont dans le plafond depuis des mois et les coffres des grands producteurs sont pleins.

De l'autre, après plusieurs mois de disette, les petites juniors ont finalement pu trouver de l'argent à partir du printemps et ont recommencé à creuser le sol. Plusieurs ont fait des découvertes ou augmenté la confiance sur leurs gisements.

«Nous sommes à un point où il y a beaucoup plus de ressources non exploitées qu'il y a quelques années», dit M. Gonçalves.

Or, les gros producteurs sont actuellement à la recherche de nouvelles ressources.

«Pour faire augmenter le prix de leurs actions, les grosses sociétés doivent produire plus d'or. Le problème, c'est que, si elles font ça, leurs réserves diminuent. Il faut donc qu'elles remplacent leurs réserves au moins au même rythme», dit M.Gonçalves.

Le contexte actuel de la Bourse favoriserait aussi les acquisitions. Comme le rapportait hier La Presse Affaires, plusieurs observateurs soutiennent que la vague qui a emporté le prix de l'or a gagné les grands producteurs, mais laissé en plan plusieurs explorateurs, particulièrement les québécois.

«Il y a une certaine morosité actuellement. Les investisseurs québécois n'investissement pas dans le minier, et les juniors québécoises sont très peu connues à l'extérieur de la province», confirme Jean-Pierre Thomassin, directeur général de l'Association de l'exploration minière du Québec.

Conclusion: il y aurait actuellement des aubaines sur le marché. Victor Gonçalves pointe par exemple Alexandria Minerals Corporation, dont le siège social est à Toronto et qui cherche de l'or en Abitibi.

L'entreprise possède des gisements qui totalisent 550 000 onces d'or. Évidemment, le niveau de confiance sur ces ressources est variable et l'entreprise n'a jamais démontré que son or est exploitable commercialement. Mais même si l'action de l'entreprise est passée de 2 cents à 12,5 cents depuis le début de l'année, elle reste basse par rapport aux 40 cents frôlés il y a deux ans.

M. Gonçalves estime qu'un producteur d'or qui voudrait acheter Alexandria s'en tirerait pour environ 14$US l'once d'or - un risque qui pourrait valoir la chandelle étant donné que la même once se vend sur les marchés au-dessus de 1100$US.

David Haughton, de BMO Marchés des capitaux, a aussi observé que les titres des grosses entreprises s'échangent actuellement à des multiples plus élevés que les petites, et que les entreprises qui ont des projets de croissance sont aussi mieux valorisées par le marché.

«En mettant ça ensemble, ça suggère que les grosses sociétés devraient acheter les petites susceptibles de les faire croître», déduit l'analyste.

Selon M. Thomassin, de l'Association de l'exploration minière, ce sont les entreprises qui ont des projets en stade avancé qui attireront l'attention.

«Il va y avoir des luttes pour acquérir les meilleurs», prédit même Victor Gonçalves.

Notons par ailleurs que l'entreprise Osisko, qui travaille à construire ce qui pourrait bien devenir la plus grosse mine d'or du Québec à Malartic, en Abitibi, a annoncé hier une augmentation de ses ressources de 9%, une nouvelle jugée «positive» par les analyses. Le titre a clôturé à 8,35$, hier, en hausse de 4,77%.