C'est fait: après un feuilleton qui a duré des mois, la petite minière Canadian Royalties (T.CZZ) est passée à des intérêts chinois.

Jilin Jien, géant du nickel appartenant au gouvernement chinois, et Goldbrook, minière de Vancouver, prendront le contrôle de l'entreprise de Val-d'Or. Le groupe, qui s'est associé sous le nom de Jien Canada, a mis la main sur 77% des actions et 70% des débentures de Canadian Royalties.

«C'est une grande déception. C'est la fin d'un rêve», a laissé tomber Glenn Mullan, fondateur, président du conseil et chef de la direction de Canadian Royalties, qui s'est battu jusqu'au bout pour garder son entreprise en des mains québécoises.

Canadian Royalties avait découvert un important gisement de nickel au Nunavik, mais s'est avérée incapable de trouver les fonds nécessaires pour y construire une mine. M. Mullan a déploré encore hier le fait que le Québec inc. ne soit pas intervenu dans le dossier.

«La bataille n'était pas très équitable: c'était une entreprise junior contre le gouvernement chinois», a commenté M. Mullan.

M. Mullan dit avoir obtenu plusieurs garanties écrites de Jien, dont le respect des ententes signées avec les Inuits, le nettoyage des vieux gisements miniers abandonnés au Nunavik, le fait de garder le centre des activités à Val-d'Or et le maintien de l'équipe actuelle.

«J'avoue que j'ai été impressionné par leur bonne foi», dit-il. N'empêche: lui-même dit «douter fortement» rester au sein de l'entreprise.

La première offre hostile de Jien, déposée en août, avait été rejetée par Canadian Royalties. Mais le manque de solutions de rechange a fini par venir à bout de la minière québécoise.

Jien a bonifié son offre. Elle a essuyé un revers il y a deux semaines quand une firme torontoise, Jaguar Financial, a réussi à bloquer la transaction. Jaguar prétend que l'offre de Jien est injuste envers les détenteurs de débentures parce qu'elle n'offre que 80 cents pour chaque dollar prêté. Le groupe disait jusqu'à la semaine dernière avoir 34% des détenteurs de son côté; de toute évidence, certains d'entre eux ont fini par céder à l'appel des sirènes de Jien.

Le groupe chinois donne par ailleurs jusqu'au 24 novembre à ceux qui ne lui ont pas encore remis leurs titres pour le faire.

L'action de Canadian Royalties a gagné 4 cents pour clôturer à 79 cents, hier, soit le prix offert par Jien.