Un géant pétrolier américain va pouvoir extraire du pétrole en Irak pour la première fois depuis près de quarante ans à la suite de la signature d'un accord d'exploitation préliminaire jeudi entre Exxon Mobil et les autorités irakiennes.

Exxon Mobil dirigera un consortium avec la compagnie anglo-néerlandaise Shell pour exploiter le deuxième plus grand champ pétrolier irakien, de Qourna-Ouest 1, aux réserves estimées à 8,5 milliards de barils.

«Ce contrat va permettre à la production d'atteindre 2,325 millions barils/jour d'ici six ans», a affirmé aux journalistes le ministre du Pétrole Hussein Chahristani, soulignant que le consortium investirait 25 milliards de dollars et en débourserait 25 autres en coûts de fonctionnement.

Ce champ produit actuellement 279 000 barils/jour et la compagnie irakienne publique y emploie 800 personnes.

«Le consortium sera rémunéré 1,9 dollar par baril supplémentaire (à la production actuelle). Sur cette somme, le cartel ne touchera que 0,92 dollar car elle devra payer 35% de taxes et 25% à la compagnie irakienne associée à la production», a expliqué M. Chahristani.

Le consortium (appartenant à 80% à Exxon Mobil et à 20% à Shell) était en concurrence avec la société russe Lukoil.

L'accord préliminaire a été signé entre Abdel Mahdi al-Amidi, directeur général adjoint du département des contrats du ministère et Richard C. Vierbuchen, Président d'Exxon Mobil pour les opérations en amont.

«Nous attendons avec impatience de signer l'accord final très prochainement», a dit M. Vierbuchen.

Le consortium avait remporté fin juin un appel d'offres organisé par le ministère du Pétrole irakien mais avait, comme toutes les compagnies pétrolières sauf la britannique BP et la chinoise CNPC, refusé les conditions irakiennes.

À l'approche d'un deuxième round d'appel d'offres, à la mi-décembre, Exxon Mobil et Shell ont décidé d'accepter le prix de 1,9 dollar par baril plutôt que de voir le contrat leur échapper au profit d'autres sociétés, notamment chinoises qui ont adopté une stratégie agressive pour rafler les contrats pétroliers.

Fin juin, un appel d'offres, le premier depuis la nationalisation du secteur pétrolier irakien en 1975, pour six champs pétrolifères et deux champs gaziers, avait tourné au fiasco.

Seul celui de Roumaïla, qui recèle avec 17,7 milliards de barils les plus grandes réserves de pétrole du pays, avait trouvé preneur avec la compagnie britannique BP Exploration Operating Company et la société chinoise CNPC, pour 2 dollars par baril.

L'Irak possède les troisièmes réserves du monde avec 115 milliards de barils, derrière l'Arabie saoudite et l'Iran. Cependant, il n'y a pas eu d'exploration depuis des décennies à cause des guerres et de l'embargo imposée à l'Irak en 1990.

L'exploitation des champs de Zoubair, Roumaïla, Qourna-ouest 1, Kirkouk, et Missane devrait permettre à l'Irak de faire passer sa production de 2,4 millions de barils par jour aujourd'hui à 7 millions de barils dans six ans.

À terme, avec l'exploitation des neuf grands champs irakiens, le pays devrait produire 10 à 12 millions de barils par jour, ce qui fera de l'Irak l'égal des plus grands producteurs.

Les revenus tirés du pétrole représentent 85% des recettes de l'État mais il a un besoin crucial d'accroître les profits pétroliers afin de financer la reconstruction du pays, dévasté par les guerres successives.