Celle-là, bien malin qui aurait pu la prédire en début d'année. Malgré la récession, les entreprises minières ont déjà fracassé des records de financement à la Bourse de Toronto cette année.

Au 30 septembre dernier, les minières étaient déjà allées chercher 17 milliards dans la poche des investisseurs sur le TSX, soit plus de quatre fois plus qu'à pareille date l'an dernier.

«Non, nous ne nous attendions pas à ça. Nous sommes certainement très heureux des résultats», a lancé hier Ungad Chadda, premier vice-président à la Bourse de Toronto.

Si l'année a été ponctuée de quelques méga-transactions, celles-ci ne suffisent pas à expliquer l'exceptionnelle cuvée 2009. Plus de 50 financements ont rapporté plus de 50 millions, et le nombre de transactions a bondi de 170 à 264 en un an.

Où diable est la crise? M. Chadda croit que deux éléments ont contribué à la balayer sous le tapis. D'abord le prix record de l'or, qui a suscité une intense activité pour ce métal. Puis l'appétit de la Chine pour les ressources, qui explique par exemple la deuxième transaction en importance de l'année (la vente d'actions pour 1,7 milliard de Teck Ressources à un fond souverain chinois).

La transaction de l'année demeure cependant celle de Barrick Gold, de Toronto, la plus grande société aurifère au monde. Le géant a fait une émission d'actions qui a rapporté rien de moins que 4,3 milliards - tout simplement le plus important financement de l'histoire du pays. Du côté du Québec, notons la québécoise Osisko, qui a commencé à construire une mine d'or à Malartic, en Abitibi. L'entreprise a réalisé deux financements qui figurent dans le top 20 des transactions de l'année, pour un total de plus d'un demi-milliard.

Ce n'est cependant pas l'ensemble de l'industrie minière qui a réussi à faire un pied de nez à la récession. Les petites entreprises d'exploration, elles, ont bel et bien écopé.

Le financement sur la Bourse croissance du TSX (donc pour les entreprises à petite capitalisation), n'a atteint que 1,5 milliard cette année, presque deux fois moins que les 2,8 milliards de l'an dernier.

Le directeur général de l'Association de l'exploration minière du Québec, Jean-Pierre Thomassin, s'est d'ailleurs montré très surpris d'entendre parler de record alors que les entreprises qu'il représente ont peiné cette année à trouver des fonds.

«Ça ne fitte pas avec ce que j'ai comme données. Très peu d'entreprises juniors ont fait du financement cette année», dit-il.

Un contraste avec son collègue André Lavoie, directeur des communications de l'Association minière du Québec, qui représente les entreprises d'exploration.

«Pour les producteurs, avec les prix de l'or que l'on a, je peux vous donner plein d'exemples qui montrent que la vigueur, elle est là», confirme-t-il.