Le fabricant de pâtes et papiers Domtar (T.UFS) s'attend à toucher pas moins de 143 millions $ du gouvernement fédéral, d'ici 2012, pour accroître l'efficacité énergétique de ses usines, ce qui l'aidera à combattre la force du dollar canadien.

L'entreprise montréalaise sera donc la plus importante bénéficiaire du Programme d'écologisation des pâtes et papiers, annoncé en juin par Ottawa et doté d'une enveloppe d'un milliard de dollars.

Domtar a plusieurs projets dans ses cartons et a déjà commencé à les présenter aux fonctionnaires fédéraux pour approbation, a indiqué vendredi le président et chef de la direction de la société, John Williams, au cours de la téléconférence tenue pour commenter les résultats du troisième trimestre.

Les projets touchent des usines en Ontario et en Colombie-Britannique, mais aucune au Québec.

Le fabricant de bois Canfor, de Vancouver, s'est vu attribuer des crédits de 122 millions $, tandis qu'Irving (usine de Saint-Jean, N.-B.), recevra 33,4 millions $, AbitibiBowater (deux usines en Ontario), 33,2 millions $, Papiers Fraser (usines d'Edmundston et de Thurso), 33,1 millions $, Smurfit-Stone (usine de La Tuque), 29,6 millions $, Tembec (usines en C.-B. et au Québec), 24,2 millions $, SFK Pâte (usine de Saint-Félicien), 20,9 millions $, Kruger (usine de Trois-Rivières), 6,9 millions $ et Cascades (usines de Cabano, East Angus et Trenton), 6,1 millions $.

Pour la période qui a pris fin le 30 septembre, Domtar a d'ailleurs fortement bénéficié du programme américain qui a inspiré l'initiative canadienne. Ces crédits de taxe d'accise de Washington pour la «liqueur noire», un résidu de production considéré comme un biocarburant, ont entraîné un gain de 159 millions $ pour l'entreprise. Au deuxième trimestre, Domtar avait encaissé 131 millions $ au même titre.

Au total, Domtar prévoit tirer 450 millions $ US des crédits de liqueur noire, mais ne croit pas pouvoir se qualifier au titre du nouveau programme américain pour la biomasse.

Le bénéfice net de l'entreprise a donc atteint 183 millions $ US (4,24 $ US par action) au troisième trimestre, soit plus de quatre fois plus que les 43 millions $ US (1 $ US par action) dégagés pendant la même période de l'an dernier.

En excluant les crédits pour la liqueur noire, des gains à la vente d'immobilisations corporelles de 12 millions $ US et des coûts de fermeture et de réorganisation de 4 millions $ US, le bénéfice net ajusté s'est élevé à 57 millions $ US (1,32 $ US par action), soit 11,8 pour cent de plus que les 51 millions $ US (1,19 $ US par action) dégagés il y a un an.

L'action explose

Les analystes sondés par Thomson Reuters tablaient en moyenne sur un bénéfice ajusté par action de quatre cents. Les investisseurs ont donc bien réagi aux résultats, faisant grimper l'action de 7,7 pour cent. Le titre a clôturé à 45,34 $ à la Bourse de Toronto, vendredi.

Le chiffre d'affaires a néanmoins reculé de 11,7 pour cent pour s'établir à 1,44 milliard $ US, malgré l'augmentation des volumes de pâte et de papier ainsi que des prix de la pâte.

Dans le secteur des pâtes et papiers, les revenus se sont chiffrés à 1,21 milliard $ US, en baisse de 11,2 pour cent, mais le bénéfice d'exploitation a plus que doublé, passant de 118 à 294 millions $ US.

Pour ce qui est du bois de construction, les ventes ont chuté de 22,4 pour cent pour s'établir à 59 millions $ US. La perte nette a néanmoins fondu, passant de 11 millions $ US l'an dernier à 1 million $ US cette année.

«Toutes nos activités ont affiché une hausse de leur rentabilité, particulièrement celles de la pâte», s'est réjoui M. Williams, en soulignant que les usines de pâte de Woodland, dans le Maine, et de Dryden, en Ontario, avaient redémarré.

«Pour nos activités de papier, les conditions du marché se sont un peu améliorées par rapport au trimestre précédent, avec une augmentation des expéditions, sans pour autant noter de différence par rapport au deuxième trimestre en ce qui concerne les temps d'arrêt par manque de commandes.»

Pour le trimestre en cours, Domtar s'attend à ce que l'appréciation du dollar canadien ait une incidence négative sur la rentabilité de ses usines au pays. L'entreprise prévoit toutefois que son secteur des papiers profitera de la hausse des prix annoncée récemment.