Hydro-Québec défendra, demain et mercredi à l'Assemblée nationale, son plan stratégique des cinq prochaines années. L'opposition l'attend de pied ferme.

La société d'État a été convoquée par les parlementaires, la semaine dernière. Elle ne s'est pas présentée devant les élus depuis 2006.

Le critique péquiste Sylvain Gaudreault promet de soumettre les hauts dirigeants à un interrogatoire «très serré». Dévoilé en plein été, quelques mois après que le gouvernement Charest eut renvoyé sans ménagement Hydro à ses devoirs, le plan promet «efficacité énergétique, énergies renouvelables et innovation technologique».

Par contre, il insiste sur une série de projets pour de nouvelles centrales hydroélectriques. La société d'État a profité du dévoilement du document pour confirmer qu'elle a désormais dans sa ligne de mire la rivière Magpie, sur la Moyenne-Côte-Nord, à 200 kilomètres à l'est de Sept-Îles. Le plan stratégique spécule aussi sur les possibilités d'exportation de l'énergie, notamment vers les États-Unis.

Planification

Le député du Parti québécois pour la circonscription de Jonquière a soulevé des objections dès le dévoilement des orientations. «Pour les énergies renouvelables, c'est nettement insuffisant», a réitéré au Soleil M. Gaudreault. Il a également des réserves sur les nouvelles propositions de barrages, dont celle pour la Magpie et une autre pour une rivière de la même région, Petit-Mécatina.

Les experts d'Hydro se sont souvent trompés sur la planification des besoins en énergie de leurs clients, a suggéré Sylvain Gaudreault. Ce qui l'amène à se demander si les travaux sur la Romaine, qui ont commencé il y a quelques semaines, ne sont pas pour produire une énergie superflue.

«Nous poserons également des questions sur Gentilly II, a poursuivi le député. Comment expliquer le lancement de travaux de réfection de 2 milliards de dollars (à la centrale nucléaire, située sur la rive sud de Trois-Rivières) sans consultations publiques?»

Seuls les élus participeront aux échanges. L'Union des consommateurs aurait souhaité être invitée, a fait savoir Jean-François Blain. L'analyste en politiques et réglementation énergétiques croit qu'Hydro se retrouvera avec de gigantesques surplus d'énergie, pour de nombreuses années, victime de la récession nord-américaine.

Il redoute que la société d'État en soit même réduite à payer des dédommagements, faute de pouvoir remplir ses engagements. Cela s'est produit à la centrale thermique de Bécancour, où TransCanada Énergie encaisse une compensation de plus de 200 millions parce qu'il n'y a pas preneur pour son électricité.

Selon M. Blain, la rentabilité des nouveaux projets de barrages est d'autant plus à remettre en question que l'affaiblissement de la demande ne peut qu'entraîner «l'effondrement des prix» pour l'hydroélectricité.

«On n'a pas seulement mis la charrue avant les boeufs. On a mis les boeufs dans la charrue et les Québécois vont se retrouver à tirer tout ça!»