Deux des 15 projets de parcs éoliens annoncés en grande pompe par Hydro-Québec et le premier ministre Charest en mai 2008 ne verront jamais le jour, parce que leurs promoteurs s'inquiétaient de leur rentabilité.

Kruger Énergie a abandonné son projet de Sainte-Luce-sur-Mer, près de Rimouski, quand il a été question d'éloigner les éoliennes du bord du fleuve. Dans ces conditions, le projet ne serait plus rentable, a conclu le promoteur, qui n'a pas poussé plus loin les négociations.

Le projet de 68 mégawatts, qui aurait nécessité un investissement de 200 millions de dollars, ne se fera pas, a fait savoir Jacques Gauthier, président de Kruger Énergie. Ce promoteur a un autre projet qui a été retenu par Hydro-Québec dans le cadre de son second appel d'offres, à Saint-Rémi, en Montérégie (100 mégawatts).

L'histoire d'Aguanish, sur la Basse-Côte-Nord, est semblable. Même si la municipalité était très intéressée par le projet du promoteur St-Laurent Énergies, aucune entente n'a pu être conclue sur l'emplacement des éoliennes.

«On a essayé de négocier, mais ils ne semblaient plus vouloir du projet», a fait savoir Richard Noël, maire d'Aguanish.

Selon lui, ce ne sont pas les conditions imposées sur l'emplacement des éoliennes qui ont fait fuir les promoteurs. «On a un des règlements les moins sévères au Québec», soutient le maire.

St-Laurent Énergies aurait dû investir 250 millions pour construire son parc de 80 mégawatts à Aguanish. St-Laurent Énergies, consortium formé d'Électricité de France, de la firme britannique RES Canada et d'Hydroméga, de Montréal, avait obtenu la part du lion de l'appel d'offres, soit 954 mégawatts sur 2000.

St-Laurent Énergies voudrait maintenant déplacer son projet de la Basse-Côte-Nord vers les Cantons-de-l'Est. «C'est la région qu'on privilégie, a indiqué Stéphane Boyer, vice-président d'Hydroméga, un des membres du consortium.

Le consortium a quatre autres projets au feu, deux dans Charlevoix (350 mégawatts et 74 mégawatts), un dans le Bas-Saint-Laurent (300 mégawatts) et autre dans Bellechasse (150 mégawatts).

Il revient à la ministre des Ressources naturelles, Nathalie Normandeau, de décider si un projet accepté dans le cadre d'un appel d'offres peut être déménagé dans une autre région sans refaire un appel de propositions.

Hydro-Québec, de son côté, ne s'opposera pas à ce déménagement. «Ça peut se faire, mais c'est une solution de dernier recours», a indiqué le porte-parole de la société d'État, Louis-Olivier Batty. «On se tient informés des démarches du promoteur.»

Les contrats conclus entre Hydro-Québec et les promoteurs des projets éoliens prévoient des pénalités en cas d'abandon. Kruger Énergie s'expose à une pénalité de 10 000$ par mégawatt, soit 680 000$ pour le projet de Sainte-Luce.

Les projets de parcs éoliens de Sainte-Luce et d'Aguanish ont été retenus par Hydro-Québec, en même temps que 13 autres, à la suite d'un appel d'offres pour l'achat de 2000 mégawatts d'énergie éolienne.

Hydro a accepté de payer 10,5 cents par kilowatt pour cette électricité de source éolienne. Un autre appel d'offres est en cours, pour l'achat de 500 mégawatts de plus d'énergie éolienne. Cette énergie doit provenir de projets communautaires et autochtones, des groupes qui se sont plaints d'avoir été laissés pour compte dans les deux premiers appels d'offres éoliens. Un prix maximum de 12,5 cents le kilowattheure a été fixé pour ces 500 mégawatts à venir.