Insuffisante, opportuniste et inadéquate: voilà comment le conseil d'administration de Canadian Royalties (T.CZZ) qualifie l'offre hostile lancée par un consortium formé de Chinois et de Canadiens. La petite minière montréalaise se bat maintenant pour garder le contrôle de son entreprise et dit avoir signé des ententes de confidentialité avec d'autres acheteurs potentiels.

Le conseil de Canadian Royalties a demandé hier à ses actionnaires de refuser l'offre de Jien Canada, une coentreprise formée par le géant chinois Jilin Jien et la petite minière de Vancouver Goldbrook. Le 10 août dernier, le groupe a offert 60 cents par action de Canadian Royalties, une prime de 28,2% par rapport au cours des 20 jours précédents. Jien courtise aussi les détenteurs de débentures convertibles en actions pour une offre totale de 148,5 millions de dollars.

«Les offres de Jien sous-évaluent considérablement Canadian Royalties et ne reconnaissent pas la valeur stratégique du projet Nunavik Nickel», a tranché hier Glenn Mullan, président du conseil et chef de la direction de l'entreprise.

Canadian Royalties a commencé à construire la mine Nunavik Nickel en 2007 au Nunavik, à l'extrême-nord du Québec. La crise financière l'a toutefois obligé à interrompre la construction.

Canadian Royalties plaide que la prime de 28,2% offerte par Jien Canada est loin de la moyenne de 63% généralement offerte lors d'une prise de contrôle d'une entreprise minière. M. Mullan a aussi accusé Jilin Jien et Goldbrook d'être «opportunistes» et de faire leur offre alors que l'action de Canadian Royalties traverse un creux.

Le titre de Canadian Royalties a gagné 2 cents ou 3,45% pour clôturer à 60 cents hier, soit exactement le prix de l'offre de Jien Canada.

Jilien Jien appartient au gouvernement chinois et est le deuxième plus gros producteur de nickel de Chine. Goldbrook, qui forme 25% de la co-entreprise mise sur pied pour avaler Canadian Royalties, est une petite entreprise qui fait de l'exploration sur des terrains avoisinants ceux de Canadian Royalties.

La Caisse à convaincre

Canadian Royalties dit avoir déjà signé «plusieurs» ententes de confidentialité avec «des tiers» afin de faire grimper les enchères pour la société. En entrevue à La Presse Affaires, le grand patron Glenn Mullan a admis qu'avec 23 millions dans ses coffres, Canadian Royalties n'a pas les moyens de rivaliser avec l'offre déposée par Jien.

M. Mullan a toutefois réitéré son intention de garder le contrôle sur la société. Un scénario serait de s'allier avec une institution financière québécoise et un géant étranger du nickel.

Selon M. Mullan, l'entreprise a besoin de 400 millions pour pouvoir mener à bien son projet de mine.

Outre les actionnaires, Jien Canada doit aussi convaincre les détenteurs de débenture convertible de sauter dans son bateau. Or, près de 30% de ces débentures sont détenues par la Caisse de dépôt et placement du Québec. M. Mullan a affirmé hier être en discussion avec les dirigeants de la Caisse pour les convaincre de refuser l'offre de Jien, mais affirme ne pas avoir encore reçu de réponse.