Hydro-Québec commence à sentir les conséquences de la récession, qui a pour effet d'augmenter les mauvaises créances et de diminuer les revenus d'exportation.

Hier, la société d'État a rapporté un bénéfice net en baisse de 286 millions (-39,7%) au cours du deuxième trimestre de 2009, à 435 millions. Il s'agit du plus faible bénéfice pour un deuxième trimestre depuis 2005.

«Les mauvaises créances et la baisse de la demande des clients industriels se sont fait sentir surtout au deuxième trimestre», a expliqué en téléconférence la vice-présidente, Comptabilité et contrôle d'Hydro-Québec, Lise Croteau.

Depuis le début de l'année, les mauvaises créances sont en hausse de 46 millions pour l'ensemble d'Hydro-Québec, dont 25 millions au deuxième trimestre.

Entre le début avril et la fin juin, les ventes d'électricité ont reculé de 11%, à 2,63 milliards de dollars. Ce sont les exportations qui ont particulièrement fait mal aux profits d'Hydro-Québec, puisque les ventes au deuxième trimestre ont atteint un creux de 282 millions, soit une chute de 221 millions (-44%) sur le trimestre correspondant de 2008.

Baisse de la demande

La récession mondiale a pour effet de réduire la demande d'énergie, faisant du même coup chuter les prix. Dans le nord-est des États-Unis, par exemple, les prix de gros sont en baisse de 40%.

Hydro-Québec a réussi à freiner le recul des prix moyens de l'électricité qu'elle exporte grâce à une politique de couverture sur les marchés financiers. Ainsi, au deuxième trimestre de 2008, le prix moyen de l'électricité exporté par Hydro-Québec a été de 6,7 cents le kilowattheure. Ce prix est cependant en baisse par rapport aux 8,9 cents le kilowattheure obtenus en 2008.

En téléconférence, Lise Croteau a surtout parlé des six premiers mois de l'année plutôt que du seul deuxième trimestre. Le portrait est d'ailleurs moins sombre en incluant le premier trimestre.

Pour justifier le recul des exportations, Mme Croteau a parlé de la baisse du prix de l'électricité, mais également des températures plus froides du premier trimestre au Québec. Ces températures plus froides que l'an dernier ont obligé Hydro-Québec à vendre plus d'énergie aux Québécois entre janvier et mars, réduisant ainsi les surplus disponibles pour l'exportation.

Il n'a pas été question cependant de l'effet de la température sur le deuxième trimestre, une période où les exportations ont pourtant reculé bien davantage.

En dépit des conditions encore difficiles du marché, Hydro-Québec continue de prévoir, pour 2009, le maintien ou le dépassement de son niveau d'exportation de 2008. «Je ne connais pas ce qui arrivera aux prix au cours des six prochains mois, mais nous essayons de mettre les outils financiers en place pour maintenir nos prix à l'exportation», a expliqué Mme Croteau.

Il faut dire qu'Hydro-Québec sera aidé par la mise en service de la nouvelle ligne d'interconnexion avec l'Ontario.

Le 30 juin, Hydro a mis en route le premier des deux convertisseurs au poste de l'Outaouais, permettant d'acheminer 625 des 1250 mégawatts de l'interconnexion.

Cette mise en service se reflétera sur les résultats du prochain trimestre.

Précisons que la comparaison du deuxième trimestre de 2009 avec celui de 2008 est défavorisée par une question technique. En 2008, les charges d'exploitation avaient été réduites de 129 millions pour une question réglementaire, ce qui a eu pour effet d'augmenter les profits. Ce boni réglementaire ne s'est pas présenté en 2009.

Par contre, Hydro-Québec a bénéficié au deuxième trimestre de 2009 d'une diminution de taxes de 85 millions par rapport à l'an dernier. En plus, l'amortissement a été réduit de 55 millions.

«Dans un contexte commercial de récession et tenant compte de certains éléments non récurrents en 2008, Hydro-Québec maintient de bons résultats», a déclaré Lise Croteau.