La forestière AbitibiBowater, en restructuration judiciaire depuis avril, a enregistré une perte nette de 510 millions US au deuxième trimestre, soit le double de celle inscrite pendant la même période de l'an dernier.

Au cours de la période qui a pris fin le 30 juin, l'entreprise montréalaise a essuyé une perte nette de 510 millions US (8,84$ US par action), comparativement à celle de 251 millions US (4,36$ US par action) subie pendant le même trimestre de l'an dernier.

Les revenus trimestriels ont plongé de 38,9% pour atteindre 1,04 milliard US, indique un rapport déposé mardi auprès de la Securities and Exchange Commission des États-Unis.

La situation s'est détériorée par rapport au premier trimestre, au cours duquel la société avait réussi à réduire sa perte nette malgré un recul de 35,6% de son chiffre d'affaires.

Au deuxième trimestre, tous les secteurs d'activités d'Abitibi ont souffert, plus particulièrement celui du papier journal, la spécialité de l'entreprise.

Les revenus du secteur ont chuté de 44% d'une année à l'autre pour s'élever à 441 millions US, en raison d'une baisse des volumes et des prix de vente. La production de papier journal s'est traduite par une perte d'exploitation de 81 millions US, comparativement à un bénéfice d'exploitation de 1 million US il y a un an.

Dans le segment des papiers pour usages spéciaux, les ventes ont reculé de 26,9% pour se chiffrer à 328 millions US, mais elles ont néanmoins permis de dégager un bénéfice d'exploitation de 21 millions US, comparativement à une perte d'exploitation de 32 millions US l'an dernier.

La division de la pâte a vu son chiffre d'affaires fléchir de 30,8% à 117 millions US, ce qui n'a pas empêché son bénéfice d'exploitation de croître de 81% à 38 millions US.

Du côté des papiers couchés, les revenus ont diminué de 43,4% à 94 millions US, mais le bénéfice d'exploitation n'a diminué que de 22,9% à 27 millions US.

Enfin, pour ce qui est du bois d'oeuvre, les ventes ont plongé de 54,8% à 56 millions US, ce qui a mené à une perte d'exploitation de 20 millions US, en hausse de 53,9% par rapport à celle inscrite l'an dernier.

AbitibiBowater a en outre dû comptabiliser des charges de 240 millions US liées à des fermetures d'usines et à des dépréciations d'actifs. Une radiation de 148 millions US découle de la vente projetée à Hydro-Québec, pour 615 millions, des intérêts d'Abitibi dans la Compagnie hydroélectrique Manicouagan (CHM).

Cette perte comptable s'explique par le fait que la transaction prendra désormais la forme d'une vente d'actifs plutôt que d'une vente d'actions de la CHM, a expliqué AbitibiBowater.

Au deuxième trimestre, la forestière a par ailleurs touché des crédits d'impôts américains d'une valeur de 85 millions US pour l'utilisation de «liqueur noire», un sous-produit du processus de fabrication des pâtes et papiers utilisé comme carburant. Aux États-Unis, la liqueur noire est considérée comme une énergie propre.

Depuis qu'elle s'est placée sous la protection des tribunaux, AbitibiBowater a dépensé pas moins de 99 millions US en frais de réorganisation, dont 55 millions US versés comme honoraires à divers professionnels (comptables et avocats notamment).

Au 30 juin, AbitibiBowater employait environ 13 500 employés, contre 14 400 trois mois plus tôt. La semaine dernière, l'entreprise a annoncé des compressions de 100 millions US par année qui prévoient entre autre le licenciement de quelque 175 personnes, dont une centaine au siège social de Montréal.

L'entreprise a prévenu qu'elle allait vraisemblablement procéder à d'autres mises à pied au cours des prochains mois. Malgré tout, elle compte amorcer les négociations en vue du renouvellement des conventions collectives de ses employés canadiens, échues depuis avril, d'ici la fin de l'année.