Alors que le grand patron d'AbitibiBowater, John Weaver, a eu droit à une indemnité de départ de 17,5 millions plus tôt cette année, plus d'une centaine d'employés devront quitter le siège social de Montréal sans indemnité.

La papetière a annoncé cette semaine à ses 700 employés et contractuels du siège social - dont un peu plus de 400 à Montréal - que 25% d'entre eux allaient se faire montrer la sortie au cours des prochaines semaines. En tout, ce sont donc 175 employés qui devront trouver un nouveau boulot, dont un peu plus de 100 dans la métropole.Ces employés partiront les poches vides. «À la suite du dépôt de demandes de protection contre les créanciers et à la lumière des décisions des tribunaux, écrit la direction à ses travailleurs, les employés touchés ne recevront pas les indemnités de cessation d'emploi habituelles.»

La direction mentionne toutefois que les employés licenciés auront droit à des sommes correspondant «aux congés annuels accumulés». L'entreprise promet aussi de les aider à se replacer.

«Ces mesures sont très difficiles et nous sommes conscients de l'impact qu'elles auront sur les employés et leur famille», soutient le président et chef de la direction, David Paterson, dans le même message.

La majorité des personnes mises à pied connaîtront leur sort d'ici au 1er septembre. Leur départ se fera d'ici la fin de l'année. Ces employés ne sont pas syndiqués, indique un porte-parole de l'entreprise, Jean-Philippe Côté.

Le printemps dernier, l'indemnité de départ de John Weaver a créé une controverse. Tant et si bien que, quand Québec a consenti un prêt de 100 millions à l'entreprise en difficulté, le ministre du Développement économique de l'époque, Raymond Bachand, a tenu à souligner dans un communiqué les raisons pour lesquelles l'aide était versée: «Il faut s'assurer que les opérations se poursuivent. Quant aux dettes antérieures, pour moi, la prime de M. Weaver ne doit pas passer avant les indemnités auxquelles les travailleurs ont droit.»

Hier, Éric Prud'Homme, l'attaché de presse du nouveau ministre Clément Gignac, précisait qu'AbitibiBowater n'avait pas encore remboursé les 100 millions prêtés.

En ce qui concerne le porte-parole d'AbitibiBowater, il a refusé de commenter la différence de traitement entre John Weaver et les employés qui seront bientôt licenciés.

Pas de bonus

Les quelque 300 employés qui resteront au siège social de Montréal auront aussi une fin d'année plus austère. Ils seront également privés de bonus et ce, jusqu'à nouvel ordre. Cela inclut les régimes spéciaux d'octroi d'actions.

Pour arriver à économiser 100 millions US comme elle le souhaite, AbitibiBowater veut aussi réduire ses stocks et imposer des limites au recours à des employés contractuels engagés à temps plein.

La papetière songe aussi à se retirer de plusieurs associations. Les dépenses engendrées par les voyages d'affaires seront réduites. Les baux signés par la société seront également passés au crible.

«Nous avons encore beaucoup à faire pour stabiliser notre entreprise, écrit encore M. Paterson à ses employés. Nous mettons la dernière main à des programmes visant à réduire notre capacité de production afin d'améliorer notre rentabilité et de rationaliser la stratégie d'AbitibiBowater en ce qui a trait aux temps d'arrêt (des usines).»

Jeudi dernier, l'entreprise a d'ailleurs annoncé la fermeture pour une durée indéterminée de deux machines à papier à Thunder Bay à partir du 21 août, ce qui touchera 360 employés.