Hydro-Québec n'a pas l'intention de priver ses employés de leurs bonis en cette année de récession, même si son actionnaire gouvernemental a replongé dans les déficits et aboli les primes au rendement de tous ses employés pour faire face à la crise.

La société d'État vient de demander à la Régie de l'énergie de lui accorder une hausse de tarifs modeste de 0,2% pour 2010-2011, mais elle a aussi indiqué que des bonis seront versés à ses employés comme d'habitude.

 

Tous les employés d'Hydro, et pas seulement les patrons, ont droit à des bonis à condition que le profit net de l'entreprise atteigne une cible fixée à l'avance. Pour 2009, des bonis seront versés si le bénéfice net est au moins de 2,3 milliards de dollars, une cible qui ne devrait pas être difficile à atteindre puisque la société d'État prévoit elle-même que ses profits seront de 2,7 milliards cette année.

Les bonis sont calculés selon des objectifs fixés dans trois catégories, soit la rentabilité et le contrôle des coûts d'exploitation (40%), la satisfaction de la clientèle (40%) et la mobilisation des employés (20%).

L'an dernier, ces objectifs ont été atteints haut la main et les employés d'Hydro-Québec se sont partagé des bonis totalisant plus de 50 millions. Il fallait que le bénéfice net atteigne un minimum de 2,3 milliards pour toucher ces bonis, et le profit net de l'exercice a été de 3,2 milliards.

Le versement de bonis dans les sociétés d'État en position de monopole a toujours été une question controversée. Ces bonis sont souvent assimilés à des hausses de salaires déguisés. Ils sont pourtant largement utilisés, autant par Hydro que par la SAQ et Loto-Québec.

En annonçant que les fonctionnaires et autres employés de l'État seraient privés de leur prime au rendement cette année, le premier ministre Jean Charest avait expliqué que tout le monde se devait de faire un effort de solidarité en période de crise, notamment les employés de l'État qui bénéficient d'un emploi sûr et stable.

Le premier ministre a souligné qu'il ne pouvait pas imposer l'élimination des bonis dans les sociétés d'État, qui relèvent d'un conseil d'administration, mais il avait souhaité qu'elles comprennent le message qu'il envoyait.

Hydro-Québec n'a pas capté ce message mais la société d'État n'ignore pas l'impact de la récession. Dans sa demande de hausse de tarifs soumise à la Régie de l'énergie, elle indique que de plus en plus de ses clients ont du mal à payer leur facture et que le nombre de mauvaises créances augmentent. Jusqu'à maintenant en 2009, Hydro a dû assumer une perte sèche de 30 millions à ce chapitre.