Les prix du pétrole ont bondi à plus de 72 dollars à New York lundi, signant leur troisième séance d'affilée d'ascension sous l'effet d'un affaiblissement marqué de la monnaie américaine.

Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de «light sweet crude» pour livraison en septembre a terminé à 71,58 dollars, en progression de 2,13 dollars par rapport à son cours de clôture de vendredi.

Il a touché en séance 72,20 dollars, son plus haut niveau depuis fin juin, et accumule un gain de plus de huit dollars sur les trois dernières séances.

À Londres, sur l'InterContinentalExchange, le baril de Brent à échéance identique a gagné 1,85 dollar à 73,55 dollars. Il est même grimpé pendant les échanges à à 73,95 dollars, son plus haut niveau depuis le 15 octobre 2008.

Le courtier indépendant Ellis Eckland a observé «un afflux important d'argent vers les matières premières».

«Le dollar est en baisse pour le deuxième jour d'affilée, cela entraîne de l'argent vers le pétrole», a-t-il expliqué. «Si le dollar continue à chuter, et l'euro remonte à 1,50 ou 1,60 dollar, on pourrait voir le pétrole bondir à 100 dollars, un mouvement très puissant et soutenu. Sinon, il va probablement se replier un peu».

L'euro a dépassé lundi 1,44 dollar, retrouvant ses plus hauts niveaux depuis huit mois face à la monnaie américaine. Ce mouvement rend plus attractif l'or noir pour les investisseurs munis d'autres devises.

«Les matières premières, notamment le pétrole, sont un facteur déterminant de hausse des prix, et donc sont logiquement achetées comme une protection contre l'inflation», lorsque la devise américaine s'affaiblit, a noté en outre John Kilduff, de la maison de courtage MF Global.

Le recul de la monnaie américaine a été motivé en grande partie par des indicateurs meilleurs que prévu portant sur l'activité industrielle, aux États-Unis, en zone euro et en Chine, ce qui est «aussi un facteur haussier pour le pétrole», a rappelé Ellis Eckland.

«Inspirés par un dollar qui s'affaiblit et l'espoir que la Chine va aider à soutenir les cours des matières premières, les acheteurs n'ont pas peur de l'abondance de l'offre», a commenté Phil Flynn, de PFG Best Research.

Les stocks de produits pétroliers restent à des niveaux historiquement hauts aux États-Unis, mais le marché s'appuie sur les signes de stabilisation de l'économie mondiale pour anticiper une reprise de la demande.

«La fin de la flambée des prix de l'énergie l'année dernière avait affecté la Bourse, et les prix de l'énergie avaient chuté sous leur propre poids et celui de l'effondrement de l'économie», a cependant expliqué M. Kilduff.

«La progression des cours pourrait être sur le point de répéter ce scénario, mais il est trop tôt pour dire si l'économie mondiale peut supporter un baril à 80 ou 100 dollars», a-t-il ajouté.