Les prix du pétrole ont fortement progressé vendredi à New York, dopés par des indicateurs meilleurs que prévu aux Etats-Unis, encourageants pour l'évolution de la demande, et un net affaiblissement de la monnaie américaine.

Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de «light sweet crude» pour livraison en septembre a terminé à 69,45 dollars, en progression de 2,51 dollars par rapport à son cours de clôture de jeudi.

Les cours reviennent ainsi à portée des 70 dollars, proches des niveaux auxquels ils avaient fini le mois de juin (69,89 dollars).

A Londres, sur l'InterContinentalExchange, le baril de Brent de la mer du Nord à échéance identique a gagné 1,59 dollar à 71,70 dollars.

«Le marché a été très impressionnant», a jugé Phil Flynn, de PFG Best Research.

La séance a été volatile, le baril évoluant dans une fourchette de presque cinq dollars.

Les opérateurs avaient en début de journée réagi négativement aux chiffres du produit intérieur brut des Etats-Unis, premier pays consommateur d'or noir dans le monde. Il s'est contracté de 1,0% au deuxième trimestre en rythme annuel.

Ce repli était moins marqué que prévu, mais les chiffres du trimestre précédent ont été révisés pour montrer une baisse d'activité plus marquée qu'envisagé jusqu'à présent.

Mais le marché a ensuite choisi de retenir le côté positif de ces chiffres, d'autant que l'autre indicateur du jour, portant sur l'activité industrielle dans la région de Chicago (nord des Etats-Unis), est ressorti en hausse plus forte qu'attendu, a expliqué Phil Flynn.

Autre conséquence de ces statistiques économiques, «le dollar a été massacré», a-t-il ajouté. Un tel mouvement rend plus attractives les matières premières vendues en dollars pour les acheteurs munis d'autres devises.

Avec des investisseurs de plus en plus optimistes sur l'imminence d'un redémarrage de l'économie, et donc de la consommation d'énergie, la situation de la demande, toujours en berne, et des stocks pétroliers américains, qui ne cessent d'augmenter, est passée au second plan.

Les statistiques hebdomdaires sur les réserves pétrolières américaines, qui avaient entraîné un plongeon des cours mercredi, «n'ont eu de l'effet qu'un seul jour», a observé M. Flynn. «On assiste à un mouvement plus vaste, qui n'est pas basé sur l'offre et la demande, mais sur les mouvemements du dollar».

Et la situation des réserves n'est pas différente en Europe, où le groupe français Total envisage de «fermer temporairement certaines unités» de ses raffineries. «Il y a à l'évidence trop de produits sur le marché. La production des raffineries est trop élevée», a justifié Patrick de la Chevardière, directeur financier du groupe.

«Il devient de plus en plus évident que les fonds d'investissement qui s'étaient retirés du marché après la chute de (la banque d'affaires américaine) Lehman Brothers (en septembre dernier) se portent maintenant vers les fonds monétaires ou les matières premières», a estimé de son côté John Kilduff, de MF Global. «Ils se rendent comptent qu'il y a encore plus de risque à parier sur la capacité d'une société à survivre ou les monnaies que sur les matériaux de base».