Le baril de pétrole, qui a soufflé ce week-end le premier anniversaire de son record à 147,50$, atteignait à peine 60$ lundi, dans une atmosphère radicalement changée, dominée par la crainte que la demande d'or noir ne reste durablement léthargique.

Le 11 juillet 2008, une combinaison explosive de facteurs -tensions géopolitiques, dollar à un niveau historiquement faible, envolée de la demande dans les pays émergents, et boulimie des investisseurs pour les matières premières- portait le pétrole au prix record de 147,50$.

Autre ambiance un an plus tard : les cours du pétrole se situent plus de 60% sous leur record et atteignent péniblement les 60$, après s'être effondrés jusqu'à 32,40$ en décembre.

Ce lundi, en fin de journée à Paris, le Brent de la mer du Nord pour livraison en août s'échangeait à 60,0$, en baisse de 50 cents, tandis que le brut léger texan (WTI) cotait 58,91$, en baisse de 98 cents. En séance, les cours ont touché 58,32$ à New York, leur niveau le plus faible depuis la mi-mai.

Les violences géopolitiques au Nigeria, qui avaient contribué à faire flamber les prix un an plus tôt, étaient sans effet.

Pour la première fois depuis trois ans, les rebelles nigérians du Mend ont frappé loin du Delta pétrolier du Niger en attaquant dans la nuit de dimanche à lundi un terminal pétrolier de Lagos, attaque qui a fait au moins cinq morts.

Mais avec des stocks massifs aux États-Unis et de gigantesques surcapacités de production (l'OPEP peut produire 6 millions de barils de plus par jour), la crainte d'une pénurie, qui hantait les opérateurs l'été dernier, n'a plus lieu d'être.

Au contraire, c'est la demande, sapée par la récession mondiale, qui focalise toutes les craintes. Selon le dernier rapport de l'Agence internationale de l'énergie, la consommation d'or noir va chuter de 2,5 millons de barils par jour (mbj) cette année par rapport à 2008, pour atteindre 83,8 mbj.

«Un pessismisme croissant sur l'économie et l'évanouissement de la confiance en une reprise subsistent, maintenant une bride étroite sur les prix», observaient les analystes de Barclays Capital.

En juin, les investisseurs s'étaient pourtant pris à espérer que la consommation repartait, en voyant bourgeonner des signes de reprise, et les cours étaient remontés jusqu'à 73,50$. Mais ils se sont depuis convaincu que la convalescence de l'économie serait longue et douloureuse, et les prix ont reperdu quelque 15$.

«Le symbolisme de l'anniversaire n'a pas empêché les prix de chuter», notaient les analystes du cabinet viennois JBC Energy.

En un an, une chose n'a toutefois pas changé : pays consommateurs et producteurs souhaitent réduire la volatilité des cours, qu'ils considèrent comme un fléau.

Réunis à L'Aquila en Italie, les dirigeants du G8 ont appelé mercredi dernier à «améliorer la transparence et renforcer (le) dialogue afin de réduire la volatilité excessive du marché». Même thème qu'en juin 2008, quand l'Arabie saoudite avait convié les uns et les autres à discuter des causes de la flambée du brut à Djeddah.

Pour les producteurs, les violentes variations de prix compliquent les décisions d'investissement. Et le risque d'une nouvelle flambée pétrolière est une épée de Damoclès sur les économies encore chancelantes des pays consommateurs.

«La volatilité aura au moins eu l'intérêt de réussir à générer un consensus, chez les consommateurs et les producteurs, sur le fait qu'il y a un "juste prix" du pétrole autour de 75$», observaient les analystes du courtier PVM.