Les prix du pétrole ont fortement progressé lundi à New York, dopés par une nouvelle attaque contre des installations pétrolières au Nigeria.

Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de «light sweet crude» pour livraison en août a terminé à 71,49$, en hausse de 2,33$ par rapport à son cours de clôture de vendredi.

À Londres, sur l'InterContinentalExchange, le baril de Brent de la mer du Nord à échéance identique a gagné 2,07$, à 70,99$.

«Des informations évoquant une nouvelle attaque au Nigeria semblent avoir dopé le marché», a relevé Phil Flynn, d'Alaron Trading.

L'une des principales installations de la compagnie anglo-néerlandaise Shell au Nigeria a fait l'objet d'une attaque en matinée, revendiquée par le principal groupe armé dans le sud pétrolifère du pays.

Selon la compagnie, cette attaque s'est traduite par une «perte de production», dont elle n'a pas précisé l'importance.

L'attaque «a eu un impact positif sur les prix», a confirmé Bart Melek, de BMO Capital Markets. «Chaque fois que quelque chose arrive aux installations pétrolières d'un pays, le marché s'inquiète que la situation pourrait durer longtemps et cela rend les courtiers nerveux quant à la demande», a-t-il ajouté.

La production de brut du Nigeria, prisée, car facile à raffiner, est déjà tombée sous les 1,5 million de barils par jour avec les violences de ces derniers jours, selon plusieurs analystes, contre environ 2,6 mb/j en 2006.

Focalisé sur la situation dans le pays, l'un des principaux producteurs africains de brut, le marché a ignoré le dernier rapport de l'Agence internationale de l'Énergie.

L'organisation, qui représente les intérêts des pays riches, a abaissé ses prévisions pour la consommation mondiale qu'elle ne voit plus augmenter que de 0,6% par an en moyenne entre 2008 et 2014.

Elle estime désormais que les risques de «choc pétrolier» n'apparaîtront pas avant 2013/2014.

Mais le marché «n'a pas été surpris» par ces prévisions, a observé M. Flynn. «Cela confirme ce que tout le monde pense, que la demande mondiale reste faible».

En revanche, les cours ont été soutenus, selon l'analyste, par des informations en provenance de Chine, qui «prévoit d'augmenter ses réserves stratégiques de brut de 60% sur les cinq prochaines années».

«Cela montre la volonté de la Chine d'acheter du pétrole même quand la demande est faible», a-t-il ajouté. «C'est un facteur de soutien fort pour le marché, mais à plus long terme, si la situation économique ne s'améliore pas (et par ricochet la consommation d'or noir), cela pourrait devenir un facteur baissier, parce que cela voudrait dire qu'il y a abondance de pétrole en Chine».

Le marché devrait se montrer cette semaine particulièrement attentif aux statistiques hebdomadaires du département américain à l'Énergie, publiées mercredi, sur les réserves pétrolières et la consommation du pays, notamment pour l'essence.

Le week-end prochain sera en effet prolongé par un jour férié vendredi, à la veille de la fête nationale, qui correspond en général à un pic pour la consommation de carburants pendant l'été.

Les investisseurs se demandent si la consommation restera anémique, alors que le chômage ne cesse d'augmenter aux États-Unis, ou si elle repartira à la hausse alors que les prix à la pompe sont plus d'un tiers moins chers en moyenne que l'an dernier à la même période.