Le groupe minier anglo-sud africain Anglo American a rejeté lundi dans un communiqué la proposition de fusion émanant de son rival suisse Xstrata, qui créerait un des plus gros groupes du secteur, jugeant les conditions posées par ce dernier «complètement inacceptables».

«Le conseil d'administration (d'Anglo American) a conclu qu'un rapprochement avec Xstrata changerait profondément la nature du porfeuille d'activités du groupe, en diluant fortement l'exposition sans égale d'Anglo American aux marchés attractifs du platine, du minerai de fer et du diamant», tout en augmentant son exposition au nickel et au zinc, a expliqué le groupe.

Du coup, le groupe anglo-sud-africain, qui vante aussi sa structure intégrée, génératrice «de réductions de coûts importantes» pour ses investisseurs, a «conclu que la dimension stratégique de ce rapprochement n'était pas attractive pour les actionnaires d'Anglo American».

Et «au-delà de ce manque d'intérêt stratégique, les conditions posées par Xstrata étaient complètement inacceptables», a ajouté Anglo American.

Xstrata avait annoncé dimanche avoir contacté son concurrent pour un projet de fusion «entre égaux» estimé à 41 milliards de livres (49 milliards d'euros) qui pourrait donner naissance à l'un des plus gros acteurs du secteur malgré un environnement de crise.

Le groupe suisse estimait qu'une fusion avec son rival, qui détient des actifs «complémentaires», permettrait d'obtenir «un portefeuille d'opérations diversifié», autant dans les matières premières que géographiquement.

Anglo American est l'un des premiers producteurs mondiaux de matières premières, et l'un des plus diversifiés. Il produit à la fois du platine, des diamants (via sa participation de 45% dans le groupe De Beers), du charbon, des métaux de base (cuivre, zinc, nickel...) et des matériaux de construction.

Frappé de plein fouet par le retournement de la demande, dans le sillage de la crise économique mondiale, qui l'a contraint à réduire fortement sa production, le groupe avait lancé en février un plan de restructuration drastique, prévoyant notamment 19.000 suppressions de postes dans le monde et la suspension jusqu'à nouvel avis des versements de dividendes.