Le monde produit de plus en plus de déchets même si la prise de conscience environnementale et la baisse de la consommation en temps de crise contribuent à freiner un peu la tendance, affirme l'institut des matières premières Cyclope, dans une étude publiée mardi.

«La tendance va à l'accroissement des volumes même si la tendance de la réduction commence à faire son chemin», explique Catherine Gaillochet, coauteur du rapport avec Philippe Chalmin, président de Cyclope, lors d'une conférence de presse.

La planète a produit entre 3,4 et 4 milliards de tonnes de déchets en 2006, dont 1,7 à 1,9 milliard de tonnes de déchets municipaux, les plus faciles à calculer selon les auteurs, 1,2 à 1,67 milliard de déchets industriels non dangereux et 490 millions de déchets dangereux, selon une estimation établie par Cyclope.

La collecte en revanche reste inférieure à la production puisque 2,74 milliards tonnes de déchets ont été ramassées, relèvent les experts. Ils soulignent toutefois l'absence de statistiques sur les chiffonniers, qui jouent un grand rôle de collecte et de recyclage dans les zones urbaines des pays émergents.

La Chine est devenue le premier producteur de déchets municipaux avec 300 millions de tonnes en 2005, devant les États-Unis et l'Europe des Quinze, alors qu'elle était le troisième en 2004, précisent les auteurs.

Par an et par habitant, les déchets municipaux vont de 760 kg aux États-Unis à 82 kg dans les zones urbaines en Inde.

Pour les déchets industriels, les États-Unis sont en tête, devant l'Europe des Quinze et l'Inde. Dans cette catégorie, les données restent cependant hétérogènes et parfois peu fiables, note Cyclope.

Par ailleurs, avec la crise, le volume des déchets a tendance à diminuer.

«Les gens achètent moins et en gamme inférieure», ce qui induit moins de déchets, note Denis Gasquet, directeur général de Veolia Propreté, branche déchets de Veolia Environnement et partenaire de Cyclope.

Sur les trois premiers mois de 2009, «les déchets ont baissé de 5 à 10%», détaille Denis Gasquet.

Et, «c'est la première crise où l'environnement est considéré comme une solution, pas comme un problème», ajoute-t-il.

«Les déchets sont potentiellement une ressource», affirme de son côté  Catherine Gaillochet.

Le marché des déchets pourrait entrer «dans une troisième phase dans laquelle le déchet va disparaître et entrer directement dans la phase industrielle», anticipe M. Gasquet qui cite l'industrie du papier qui utilise aujourd'hui 60% de fibres cellulosiques de récupération (ou vieux papiers).

De la collecte au recyclage, le marché des déchets représente 300 milliards d'euros (4692 milliards CAN), estiment les experts.