Le marché pétrolier mise sur un rebond des prix du brut dans les prochains mois, grâce notamment à l'épuisement des stocks, et malgré des perspectives économiques toujours sombres, a estimé mardi le cabinet londonien CGES, dans son dernier rapport mensuel.

«Le Brent s'échange à 60 dollars le baril et pourtant le monde semble être inondé de pétrole», constate le Centre for Global Energy Studies (CGES), soulignant le paradoxe d'un pétrole qui est remonté par rapport à ses plus bas et d'un rapport offre-demande toujours en faveur de prix faibles.

«Le marché du pétrole a-t-il atteint un tournant ?» s'interroge le cabinet, notant une demande qui commence à dépasser l'offre et des stocks qui commencent à décroître sérieusement.

«Le marché semble avoir balayé la morosité économique», souligne l'étude, qui se demande si «les prix actuels sont le résultat des importants flux spéculatifs à la recherche de futurs gains ou un indicateur de changements plus fondamentaux à venir ?»

En effet, le cabinet a calculé que si la demande reste inférieure par rapport à la même période de 2008, la consommation mondiale de pétrole sera cependant supérieure au deuxième trimestre 2009 par rapport au premier.

«Il ne s'agit pas de dire que les perspectives pour la demande de pétrole sont bonnes, mais elles sont moins mauvaises» par rapport aux mois précédents, commente le CGES.

Il apparaîtrait que les distributeurs et les consommateurs de pétrole ont répondu au début de récession en diminuant leurs stocks, augmentant du coup le poids des réserves en amont, du côté des grandes compagnies, des traders et des producteurs, explique l'étude qui note que la diminution de ces stocks n'a pas été enregistrée dans la mesure où la demande est mesurée au stade «raffinerie» et non au stade «consommation».

Mais, une fois que les stocks «en aval» seront épuisés, les commerçants et distributeurs de détail n'auront d'autre choix que de racheter du pétrole aux raffineurs. «Ce mouvement pourrait déjà être en cours» avancent les auteurs.

L'Organisation des pays exportateurs de pétrole a certes fait en sorte de retirer du marché l'excédent de production, avec des résultats probants, notamment dans les baisses de stocks américains, ajoutent-ils.

«Un resserrement durable du rapport entre l'offre et de la demande est cependant loin d'être certain, dans la mesure où les perspectives économiques sont encore incertaines et qu'il reste 130 millions de barils dans des tankers, en guise de stockage flottant» rappelle le CGES.

Les spéculateurs, eux, semblent avoir choisi de miser sur une reprise progressive des prix, analyse le cabinet: les prix du pétrole reflètent les achats de brut pour livraison en juin et en juillet, alors que la demande et les stocks reflètent ce qui se passe en avril.

Or, les prix du pétrole donnent une bonne idée de la façon dont les investisseurs anticipent l'évolution du rapport offre-demande. «Ils (les prix du pétrole, ndlr) ne sont pas toujours dans le vrai, mais on ne peut pas les ignorer» concluent les auteurs de l'étude.