Québec et Ottawa se donnent la main pour donner un coup de pouce à l'industrie forestière. Les deux gouvernements investiront 100 millions chacun pour des travaux sylvicoles qui permettront selon eux de préserver environ 8000 emplois dans la province.

«Ce qu'on envoie comme signal, c'est qu'il y aura du travail, ne vous inquiétez pas», a dit le ministre provincial des Ressources naturelles, Claude Béchard, à l'intention des collectivités touchées par la déroute de l'industrie forestière.La nouvelle mesure, annoncée hier à Montréal par le ministre Béchard et le ministre fédéral de l'Agence du développement économique du Canada pour les régions du Québec, Denis Lebel, est le premier fruit de l'Équipe spéciale Canada-Québec mise en place en avril pour aider au secteur forestier.

Le programme d'appui aux travaux sylvicoles comprend entre autres des travaux de reboisement, de réhabilitation de la forêt et la réalisation de chemins d'accès. «On va au maximum de la capacité actuelle des travaux, dit Claude Béchard. Si on voulait en faire plus, on manquerait de débroussailleuses au Québec.»

La moitié des investissements sont prévus dans la prochaine année, et le ministre Lebel prévoit des effets bénéfiques dès cet été. L'objectif est que les travailleurs qui perdent leur emploi en usine puissent trouver un autre emploi en forêt si leur formation le permet.

Le comité spécial fédéral-provincial continuera de se réunir toutes les deux semaines pendant les prochains mois, et le ministre Béchard prévoit que d'autres mesures seront annoncées avant la Saint-Jean-Baptiste.

Les deux ministres ont salué la collaboration entre les deux ordres de gouvernement hier.

Mais M. Béchard n'avait pas le même ton il y a un mois, quand il a demandé au gouvernement fédéral «de se mettre en mode solution». «Il n'est pas minuit moins cinq, il est minuit, avait-il déclaré. Il est temps que les lumières s'allument.»

Hier, il se réjouissait de voir que «les lumières sont non seulement allumées, mais que le courant passe».

Le fédéral déçoit

Ce n'est toutefois pas suffisant pour convaincre la FTQ et le Syndicat canadien des communications, de l'énergie et du papier (SCEP), qui soutiennent toujours que le fédéral aide davantage l'industrie automobile que l'industrie forestière.

Dans un communiqué conjoint, les deux syndicats saluent l'annonce des 200 millions pour les travaux sylvicoles, mais se disent toujours insatisfaits du gouvernement fédéral. «C'est nettement insuffisant, Ottawa a les moyens de faire plus», déclare le vice-président du SCEP-Québec, Renaud Gagné.

Le Conseil de l'industrie forestière du Québec se réjouit pour les travailleurs sylvicoles, a dit le PDG Guy Chevrette à La Presse Affaires.

Mais M. Chevrette est déçu de ne voir aucune mesure fédérale concernant l'accès au crédit. «Le ministre Lebel nous parle de la fin juin, mais ma foi baisse énormément. Il faudra que je vois pour que je croie.»

Le ministre Lebel a défendu les actions de son gouvernement dans le secteur forestier et a soutenu que «le fédéral est au travail depuis très longtemps dans le secteur».

Il a déclaré qu'Exportation et Développement Canada avait apporté un soutien d'une valeur de 9 milliards à l'industrie forestière québécoise, un chiffre que Guy Chevrette juge digne «d'une euphorie non crédible».

Personne dans l'entourage du ministre Lebel n'a pu fournir plus d'explications à La Presse Affaires sur ces 9 milliards, et on nous a plutôt référé au ministère des Ressources naturelles.

EDC a finalement fait savoir que cette somme représentait sa contribution à tous les secteurs économiques de la province en 2008, et non pas seulement le secteur forestier.

Pas un sou pour M. Weaver

Le ministre Claude Béchard a voulu clarifier un point sur la garantie de prêt de 100 millions accordée par le gouvernement provincial à AbitibiBowater, actuellement sous la protection de la Cour. «Nous voulons être certains que notre argent soit bien utilisé, et ce que je veux dire par là, c'est que vous voulons nous assurer que pas un seul sou de l'argent que nous avons mis sur la table ne serve à payer la pension de M Weaver. c'est important pour nous que l'argent serve à la poursuite des opérations, c'est le message que nous voulons lancer ce matin.» Rappelons que l'ancien grand patron de la société papetière a touché une prime de 17,5 millions US à son départ en juin dernier, et que la valeur de son régime de retraite s'élève à 11,3 milliards US.