Même si une hirondelle ne fait pas le printemps, il arrive qu'elle prédise la fin de l'hiver. La récente remontée du prix des métaux pourrait ainsi présager d'une reprise économique moins éloignée qu'on le croyait.

Cette éclaircie n'est toutefois pas suffisante pour faire redémarrer les projets miniers mis sur la glace quand les prix des métaux se sont effondrés à l'automne dernier. «Toute reprise des prix est une bonne nouvelle», estime Michel Filion, porte-parole de la Compagnie minière IOC.

La filiale de Rio Tinto a suspendu un projet d'expansion de 800 millions qui aurait doublé la capacité de production de minerai de fer de ses installations de la Côte-Nord. Il n'est pas question de revenir sur cette décision pour le moment, selon le porte-parole. «Il y a quelques indices mais aucun signe de reprise certaine à long terme», a-t-il dit.

Les indices pointent en tout cas résolument vers le haut. Le London Metal Exchange Index, l'indice le plus connu des prix des métaux de base, a progressé de 17% depuis la fin du mois de mars. Depuis le début de l'année, il a gagné plus de 35%.

«Un certain optimisme est de retour», constate Mathieu d'Anjou, économiste senior du Mouvement Desjardins et coauteur d'une étude sur l'évolution récente du prix des métaux de base.

L'augmentation est généralisée et dans certains cas, spectaculaire. Le prix de l'aluminium est en hausse de 10% depuis la fin du mois de mars. Celui du cuivre a bondi de 60% depuis le début de l'année. Le nickel, le zinc, l'étain et le plomb sont aussi plus en demande et leur prix a augmenté considérablement au cours des dernières semaines.

Regain en Chine

Le problème, c'est que l'augmentation du prix des métaux s'explique uniquement par un regain d'activité en Chine. Il n'y a pas vraiment de signe notable de reprise économique ailleurs dans le monde, explique l'économiste de Desjardins.

Si aucun autre pays n'emboîte le pas à la Chine, l'embellie sur le marché des métaux pourrait être de courte durée. «L'optimisme est peut-être exagéré, estime Mathieu d'Anjou, parce que la Chine ne pourra probablement pas à elle seule supporter les prix des métaux jusqu'à ce que la reprise s'étende au reste de la planète.»

Il y a donc un risque que les prix retombent, mais si ça arrive, selon lui, ils n'iront probablement pas aussi bas qu'à la fin de 2008.

La remontée des prix des métaux de base ne signifie probablement pas la fin de la récession, mais elle pourrait indiquer que le pire est derrière nous, croient les économistes de Desjardins. La hausse du prix des métaux de base coïncide en effet avec une baisse du prix des métaux précieux comme l'or et l'argent, qui servent de refuge aux investisseurs inquiets en temps de crise.

«L'amélioration du sentiment des marchés et les espoirs d'une stabilisation de l'économie mondiale sont beaucoup moins favorables pour les valeurs refuges», souligne l'étude de Desjardins.