Des voyages d'affaires reportés. Des dirigeants qui ont annulé leur présence à des dîners-conférences pour cause de trop grande promiscuité. Et même des rencontres qui ont dû se tenir dans des salles deux fois plus grandes que d'habitude pour éviter la propagation de virus. Ce sont là quelques-unes des conséquences du «Plan d'urgence de risques biologiques» mis en oeuvre pour la première fois par Hydro-Québec en raison de la grippe porcine, devenue A(H1N1).

«Le mot d'ordre, c'est le gros bon sens», explique en entretien le chef de l'équipe des médias chez Hydro, Marc-Brian Chamberland. Des mesures qui dépassent de beaucoup en importance celles d'autres sociétés d'État dont le rôle est jugé moins stratégique, a constaté La Presse Affaires.

Ainsi, le 1er mai, le président d'Hydro-Québec Distribution, André Boulanger, s'est fait remplacer à un dîner de la Fédération des chambres de commerce. Il devait remettre un prix aux entreprises qui font des efforts d'économie d'énergie.

Le hic: il y avait trop de gens dans la salle, le risque de contagion a été jugé trop élevé. Bref, c'est Louise Gravel, directrice de la clientèle des grandes entreprises, qui est allée décerner le prix, puisqu'elle occupe un poste moins stratégique. «Il a été jugé pertinent de ne pas l'envoyer», explique M. Chamberland.

Les employés d'Hydro qui devaient se réunir ont également dû faire attention aux lieux choisis: pour 10 personnes, on devait se réunir dans une salle qui peut en recevoir 20. «Si t'es dans une salle trop petite, où il y a trop de promiscuité et que quelqu'un tousse et que c'est à peu près sûr qu'il va recevoir les postillons de l'autre personne... C'est toutes ces questions-là qui, à chaque événement, à chaque déplacement, le gestionnaire s'assurait si c'était correct», explique encore le porte-parole de la société d'État.

Ces mesures ont affecté jusqu'à ceux qui font affaires avec Hydro. «Si un fournisseur ou un partenaire voulait venir ici chez Hydro, il fallait s'assurer auparavant avec lui, lors de la prise de rendez-vous, s'il était allé au Mexique, poursuit M. Chamberland. Et si oui, on lui demandait de ne pas se présenter et de trouver une autre façon, par exemple de régler ça au téléphone ou de reporter le rendez-vous de quelques jours.»

Du début de la crise jusqu'au 30 avril, Hydro-Québec a aussi interdit à ses employés de faire des voyages à l'extérieur du pays. L'ordre a été partiellement levé le 6 mai, quand seulement les voyages au Mexique ont été interdits. Depuis hier, les employés peuvent prendre l'avion pour se rendre où ils veulent sur la planète. Les autres mesures sont aussi moins sévères depuis hier.

Et les travailleurs d'Hydro qui rentraient du Mexique - ou s'ils avaient quelqu'un sous leur toit dans cette situation - ont dû attendre cinq jours avant de se présenter au travail.

Cette dernière mesure est la seule règle importante qu'ont adoptée deux autres importantes sociétés d'État, soit Loto-Québec et la Société des alcools. «L'employé combat son microbe à temps plein s'il en a un», résume Linda Bouchard, porte-parole de la SAQ.

À la Banque Nationale, en ce qui a trait aux voyageurs, la mesure était plus sévère que dans les sociétés d'État: 10 jours à la maison pour ceux qui rentraient du Mexique. À un moment, on leur a même demandé un certificat du médecin avant de rentrer au bureau. «On a eu un relâchement, parce que ça semble moins sévère qu'on ne le pensait», explique Denis Dubé, porte-parole de l'institution.

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