La chicane qui oppose AbitibiBowater et le Fonds de revenu Boralex (t.bpt.un) au sujet de leur centrale électrique en garde partagée est en suspens depuis que la société papetière a obtenu la protection des tribunaux pour éviter la faillite.

Hier, les porteurs de parts sont restés dans l'incertitude au cours de l'assemblée générale du Fonds. «Le Fonds n'est pas en mesure de déterminer quels seront les impacts de cet événement sur l'exploitation de la centrale de Dolbeau, ni sur les différends qui existent entre les deux organisations», a fait savoir Claude Boivin, président du conseil des fiduciaires du Fonds.

Le Fonds de revenus Boralex est propriétaire de la centrale alimentée avec des résidus forestiers et AbitibiBowater en assure la gestion. Les deux entreprises ne s'entendent pas sur les frais de gestion et AbitibiBowater a intenté en 2007 une poursuite de 8,3 millions de dollars contre le Fonds de revenus Boralex. Le Fonds a répliqué en obtenant une injonction obligeant AbitibiBowater à continuer d'assurer la production d'électricité à Dolbeau. Le conflit était en arbitrage lorsqu'AbitibiBowater a obtenu la protection des tribunaux contre ses créanciers.

Depuis, tout est paralysé. Et le Fonds de revenu Boralex, à qui AbitibiBowater doit par ailleurs 1,7 million, attend comme tout le monde la suite des événements.

«Rien ne nous indique qu'AbitibiBowater a l'intention de fermer son usine de Dolbeau», a indiqué hier Patricia Lemaire, porte-parole du Fonds de revenus Boralex.

L'usine d'AbitibiBowater utilise la vapeur produite par la centrale et l'électricité est vendue à Hydro-Québec en vertu d'un contrat à long terme jusqu'en 2022.

Source de problèmes

En plus d'être l'objet d'un différend avec AbitibiBowater, la centrale de Dolbeau est une source constante de problèmes pour le Fonds de revenus Boralex, qui ne réussit pas à trouver assez de résidus forestiers pour l'alimenter.

Les nombreuses fermetures de scieries réduisent la quantité de résidus forestiers disponibles pour alimenter les centrales à la biomasse.

La centrale de Dolbeau a dû être arrêtée pendant 47 jours l'an dernier. Cette interruption de production coûte cher puisqu'en plus de se priver de revenus, le Fonds a dû payer une pénalité de 1,4 million à Hydro-Québec pour ne pas avoir livré la quantité d'énergie prévue à son contrat.

Depuis le 1er avril dernier, la production d'électricité est encore arrêtée à la centrale de Dolbeau, faute d'approvisionnement suffisant en résidus forestiers. Cet arrêt de production devrait durer au moins un trimestre, peut-être plus, selon la porte-parole du Fonds.

Les problèmes d'approvisionnement des centrales thermiques aux résidus de bois pèsent sur les résultats du Fonds de revenu Boralex, qui a déclaré une perte nette de 5,8 millions en 2008. Le premier trimestre de 2009 s'est soldé par un bénéfice net de 9,9 millions, en baisse de 35% comparativement à la même période de 2008.

L'arrêt de la production de la centrale de Dolbeau devrait diminuer les revenus du Fonds de revenu Boralex de 3 à 4 millions cette année, a fait savoir Patricia Lemaire.

Les difficultés d'approvisionnement en résidus forestiers des centrales existantes n'ont pas empêché Hydro-Québec de lancer il y a deux semaines un appel d'offres pour acheter 125 mégawatts d'électricité fournis par des nouvelles installations de production alimentées par cette matière première.

Cet appel d'offres tombe mal, selon le Fonds de revenu Boralex. «Il risque de faire grimper le coût de l'approvisionnement pour les producteurs existants», explique Patricia Lemaire.

Le Fonds de revenu Boralex exploite 10 centrales de production d'électricité d'une capacité totale de 190 mégawatts. Le prix d'une part du Fonds était de 3,83$ hier, en baisse de 4 cents. Depuis un an, sa valeur a varié entre 2,35$ et 5,74$.