Les compagnies minières canadiennes dormiront sur leurs deux oreilles: elles pourront continuer leurs activités à l'étranger sans craindre d'être inquiétées pour des questions de responsabilité sociale ou environnementale par Ottawa.

Le ministre du Commerce international, Stockwell Day, a annoncé jeudi la création d'un Bureau pour veiller à «résoudre les difficultés sociales et environnementales» des compagnies minières et pétrolières canadiennes à l'étranger. L'organisme ne sera cependant pas en mesure de punir les compagnies dont les pratiques douteuses nuisent à la réputation canadienne sur la scène internationale.

Depuis plusieurs années, les agissements d'entreprises canadiennes polluant ou bafouant les droits des populations autochtones dans les pays en développement ont soulevé l'ire des groupes de défense des droits humains. Un rapport émanant de tables rondes sur l'industrie minière en 2007 recommandait la création d'un poste d'ombudsman, l'adoption de normes sociales obligatoires et incitait à plus de transparence sur les activités de ces compagnies à l'étranger.

En conférence de presse à Vancouver, le ministre Day a indiqué que les compagnies canadiennes doivent déjà se plier aux lois du pays hôte. Il a d'ailleurs soutenu que le Canada avait une très bonne réputation dans le secteur minier.

«Nous voulons voir ces bonnes pratiques soulignées et suivies, et la création d'un poste d'officier et d'un bureau contribuera à cela», a déclaré le ministre Day.

Quarante-trois pour cent de l'investissement minier à travers le monde provient du Canada, a-t-il rappelé, et ces compagnies marquent de façon positive les communautés locales, selon lui.

Des représentants des trois partis d'opposition aux Communes ont accusé le ministre Day de jouer à l'autruche.

Le libéral Bernard Patry, à l'origine d'une motion demandant la nomination d'un ombudsman sur le sujet et rejetée par les conservateurs, croit que le ministre Day comprend mal la situation.

«Il y a certaines compagnies minières canadiennes qui ne sont pas de bonnes compagnies, qui font fi des droits de la personnes, et pour nous, la création d'un poste d'ombudsman pouvant faire enquête et imposer des sanctions est ce qu'il faut», a-t-il expliqué à la sortie de la période de questions.

Il a rappelé que les compagnies minières elles-mêmes étaient d'accord avec les recommandations du rapport recommandant plus d'encadrement pour leurs activités.

Le chef bloquiste Gilles Duceppe a déploré que ces normes seront «appliquées que par ceux qui voudront bien les appliquer».

«C'est comme si on donnait un code d'éthique à des racistes en disant: «vous devrez le suivre au cas où vous vouliez souscrire aux règles», a-t-il lancé.

Quant au porte-parole néo-démocrate en matière de commerce international, Peter Julian, il croit que le ministre Day cherche à faire oublier le fait qu'il vient de signer un accord de libre-échange avec la Colombie, qui n'a pas une très bonne réputation sur les droits humains.

«C'est un écran de fumée qui vise à (détourner) l'opinion publique, peut-être pour quelques jours», a soutenu le député de Burnaby-New Westminster.

Les trois politiciens de l'opposition ont indiqué qu'il ne fallait pas mettre toutes les compagnies minières dans le même panier, puisque beaucoup agissent de façon correcte, mais qu'il fallait simplement sévir contre celles pour qui ce n'est pas le cas.