D'un côté, il y a la manne économique. Si elle voit le jour, la mine Canadian Malartic créera 450 emplois directs environ 900 emplois indirects.

«Pour Malartic, c'est énorme», dit le maire, André Vezeau.

Déjà, le forage et le déménagement du quartier sud ont entraîné un regain d'activité dans une ville qui a vu fermer son principal employeur, la scierie Domtar, en 2005.

 

«Nous, on a déjà vu notre chiffre d'affaires grimper de 30 à 40%», dit Raymond Gervais, propriétaire du restaurant Idéal.

L'envers de la médaille, c'est la perspective de vivre à proximité de la fosse. Poussière, bruit, vibrations: un examen des requêtes soumises au BAPE montre que les préoccupations sont nombreuses.

Osisko l'admet: des poussières, du bruit et des vibrations, il y en aura. «Mais selon les normes», dit Sean Roosen, président et chef de la direction de l'entreprise.

Osisko affirme qu'elle fera tout pour minimiser les inconvénients. Une butte-écran couverte de verdure séparera par exemple le site minier de la ville.

Mais pour la Coalition pour que le Québec ait meilleure mine, qui regroupe 13 organisations environnementales, c'est le principe même des mines d'or à ciel ouvert qui doit être questionné.

«Plus c'est gros, plus l'impact local est grand, dit Ugo Lapointe, porte-parole de la coalition. Plus les quantités d'énergie, d'eau, de produits chimiques sont grandes. Tu es à une autre échelle.»

«On est à l'ère du développement durable. Et ce qu'on est en train de commencer en Abitibi, c'est quelque chose qui va un peu contre cette tendance.»

La coalition craint qu'avec le prix de l'or élevé, l'idée des mines à ciel ouvert fasse des petits en Abitibi. «Le cas d'Osisko représente un dangereux précédent», dit Ugo Lapointe.

Henri Jacob, qui travaille avec le chanteur Richard Desjardins au sein de l'Action boréale Abitibi-Témiscamingue, estime que l'Abitibi devrait plutôt développer «une expertise mondiale en mines souterraines».

Ils sont nombreux à répliquer que le terrain de jeu où veut s'installer Osisko n'est pas précisément une forêt vierge. Osisko veut utiliser l'ancien parc à résidus de la minière Barrick Gold, un terrain dégradé à la lourde histoire. Barrick l'a vendu à une autre minière, McWatters Mining, qui a ensuite fait faillite. Au bout du compte, c'est le gouvernement du Québec qui a hérité du cadeau, dont la réhabilitation coûterait 23 millions.

Osisko, qui utilisera de nouvelles technologies moins polluantes que celles de Barrick Gold à l'époque, s'est engagée à assumer la moitié de ces coûts de réhabilitation.

«Au lieu de se demander SI ce projet doit exister, on se devrait se demander COMMENT il doit exister», dit Marc-Antoine Horisberger, agent de développement pour la Société de développement économique de Malartic

Selon lui, un refus du projet entraînerait une question cruciale pour Malartic. Une question que se posent plusieurs régions-ressources aujourd'hui. «Qu'est-ce qu'on fait à la place?»

La réplique des écologistes est toujours la même. Ils ne s'opposent pas au développement minier; ils se questionnent sur cette mine en particulier.

Jean-Pierre Thomassin, directeur général de l'Association de l'exploration minière du Québec, avoue avoir de la difficulté à voir des «écologistes de Montréal» débarquer en Abitibi pour débattre d'un projet qui devrait se décider «en Abitibi, par les Abitibiens.»

«Regardez vos centres d'achat à Montréal, lance-t-il. Le gros, à Anjou, on le voit de la Lune. Ça doit laisser une trace environnementale, ça? Comptez toutes les autos qui vont là chaque jour. Ça doit faire de la pollution? Mais est-ce qu'on se mêle de ça, ici, en Abitibi?»