Malgré la récession et la chute des prix du gaz naturel qui menacent actuellement les projets de terminaux méthaniers, l'importation de gaz naturel liquéfié sera nécessaire et bénéfique pour l'est du Canada à long terme.

Ce ne sont pas les promoteurs de Rabaska qui le disent, mais l'Office national de l'énergie, dans une étude récente sur les perspectives du gaz naturel liquéfié (GNL) au Canada.

 

«À long terme, la reprise économique et les initiatives environnementales visant à réduire la combustion d'autres combustibles fossiles et les émissions de gaz à effet de serre pourraient entraîner une hausse importante de la demande de gaz naturel et de GNL», estiment les auteurs de l'étude intitulée Gaz naturel liquéfié: perspective canadienne.

La hausse de la demande viendra principalement de la fermeture graduelle des centrales au charbon en Ontario et dans le nord-est des États-Unis et leur remplacement par des centrales au gaz moins polluantes.

C'est précisément ce sur quoi tablent les promoteurs de Rabaska, qui veulent construire un terminal à Lévis pour remettre sous forme gazeuse le gaz naturel liquide livré par bateau par le géant russe Gazprom.

Depuis que la crise financière a frappé et que le prix des hydrocarbures a plongé, la plupart des analystes ont mis une croix sur tous les projets de terminaux méthaniers. C'est le cas de Jean-Thomas Bernard, spécialistes en énergie de l'Université Laval, qui estime que Rabaska et les autres projets du genre au Canada ne survivront pas à la chute du prix du gaz.

L'Office national de l'énergie n'est pas de cet avis. Selon Gaétan Caron, le président de l'organisme responsable de la réglementation des marchés de l'énergie au pays, le gaz naturel liquéfié a l'avantage de diversifier l'offre de gaz et d'en améliorer la fiabilité, alors que la production de gaz de l'Ouest canadien décline.

La nouvelle production de gaz de schistes au Canada (et peut-être au Québec) et aux États-Unis ne suffira pas à satisfaire cette augmentation de la demande et il faudra avoir de plus en plus recours à l'importation, selon l'ONE. Il ne reste que neuf projets de terminaux méthaniers encore actifs au Canada, dont six sont situés dans l'est du Canada. Rabaska est l'un d'eux, de même que celui de Canaport au Nouveau-Brunswick, qui est sur le point de commencer ses activités.

Les projets canadiens, estime l'ONE, sont avantageusement situés et sont aptes à concurrencer d'autres projets en Amérique du Nord pour l'obtention des marchés et des approvisionnements mondiaux».

Le gaz naturel liquide, qui doit être transformé puis transporté sur des longues distances, est naturellement plus coûteux que le gaz naturel traditionnel transporté par gazoduc. Le prix du gaz naturel, qui est actuellement très bas, devra donc remonter sensiblement pour rentabiliser les projets de terminaux méthaniers comme celui de Rabaska. Le gaz vaut actuellement environ 4$US par million de BTU (British Termal Unit) soit 69% de moins qu'en juillet dernier, alors qu'il avait atteint le niveau record de 13,90$US par MBTU.

Le porte-parole de Rabaska n'a pas voulu préciser hier à quel prix le projet de Lévis serait rentable. «Il faut que le prix soit plus élevé qu'actuellement», s'est contenté de dire Simon Poitras.

Selon lui, les négociations finales avec le fournisseur de gaz naturel Gazprom se poursuivent, quoiqu'au ralenti en raison de la conjoncture actuelle.

Selon les promoteurs de Rabaska, si l'Ontario remplace ses centrales au charbon par des centrales au gaz naturel, l'augmentation de la demande de gaz naturel qui en résultera sera de six fois la capacité prévue de Rabaska.