Aluminum Corp. of China (Chinalco), premier producteur d'aluminium de Chine, pourrait investir de 15 milliards US à 20 milliards US dans Rio Tinto Group (RTP) pour avoir davantage accès à des ressources naturelles, selon une personne au courant du dossier.

Selon les pourparlers en cours, Chinalco achèterait des obligations qui se convertiraient en actions de Rio Tinto et se porterait acquéreur de participations dans des mines de Rio Tinto, a ajouté la personne, qui a requis l'anonymat parce que les détails ne sont pas publics. Une annonce est prévue aujourd'hui lorsque Rio Tinto dévoilera ses résultats de 2008, a indiqué la source.

 

La semaine dernière, Rio Tinto avait annoncé avoir entamé des pourparlers avec Chinalco pour lever du capital en vendant des obligations convertibles et des parts de certaines divisions pour réduire sa dette de 38,9 milliards US. Rio Tinto, société londonienne qui projette de vendre des actifs et de réduire son effectif et ses dépenses pour abaisser sa dette de 10 milliards US cette année, avait indiqué le 28 janvier dernier qu'il songeait à une émission de droits.

«Rio obtiendrait les liquidités dont il a besoin et Chinalco aurait un plus grand accès aux ressources naturelles dont il a besoin», avance Tobias Woerner, un analyste de MF Global Securities, à Londres. «À moins de penser que l'épisode chinois est terminé, Chinalco aura besoin de ces ressources et cette transaction les lui fournirait à un tarif potentiellement plus attrayant qu'il y a seulement un an», ajoute-t-il.

Nick Cobban, porte-parole de Rio Tinto à Londres, a refusé d'émettre des commentaires. Même réaction chez un porte-parole de Chinalco à Londres.

Bauxite et alumine

Chinalco pourrait être intéressé à la bauxite et à l'alumine de Rio Tinto à Weipa, Gove et Yarwun, dans le nord de l'Australie, écrivait hier dans un rapport Paul McTaggart, analyste de Credit Suisse Group établi à Sydney, en Australie. La bauxite est un minerai que l'on raffine pour produire de l'alumine qui sert à la fabrication de l'aluminium.

Chinalco, une société contrôlée par l'État chinois, est devenu le plus important actionnaire de Rio Tinto l'an dernier après avoir acquis une participation de 9%. Mais une possible vente de plus d'actions à Chinalco pourrait être bloquée par le gouvernement australien, selon des analystes de UBS AG, dont Glyn Lawcock. Ainsi, en vertu de dispositions en vigueur dans le pays, l'Australie pourrait limiter la propriété à 15%, ont souligné les analystes de UBS.

Jim Leng, le président élu de Rio Tinto, a quitté l'entreprise lundi, moins d'un mois après avoir été nommé, invoquant une «différence d'opinion» quant au remboursement de la dette de la compagnie.