La Newfoundland and Labrador Hydro (NLH) et d'autres entreprises énergétiques du Nord-Est de l'Amérique du Nord expriment des réserves à l'égard du projet de construction d'une nouvelle ligne de transport d'électricité d'Hydro-Québec vers les États-Unis.

Dans un document récemment déposé auprès de la Federal Energy Regulatory Commission (FERC) des États-Unis, la NLH dit craindre que la future ligne de 1200 mégawatts ne nuise à la concurrence sur les marchés énergétiques du Nord-Est américain.

En vertu du projet, présenté en décembre, Hydro-Québec s'allierait à deux distributeurs d'électricité américains, Northeast Utilities et NStar, pour construire une ligne reliant les Cantons-de-l'Est au New Hampshire.

Northeast financerait la construction de la ligne à hauteur de quelque 500 millions $ US, Nstar fournissant quant à lui 200 millions $ US. Pour sa part, Hydro-Québec s'engagerait à payer pour l'utilisation de la ligne, en plus d'assumer les coûts de l'infrastructure pour la portion québécoise, qui demeurent inconnus.

Si tout va comme prévu, la construction débuterait en 2011 pour une mise en service en 2014.

Dans son document, NLH reconnaît l'importance de développer de nouvelles interconnexions entre le Canada et les États-Unis. La société d'État terre-neuvienne ne nie pas que celles-ci doivent être financées par des entreprises de distribution d'électricité, avec l'appui, s'il le faut, de contrats d'approvisionnement à long terme conclus avec des producteurs comme Hydro-Québec.

Cela étant dit, NLH estime que la proposition d'Hydro «ne respecte pas les normes de base de la transparence», puisqu'elle ne prévoit pas la création explicite d'un marché secondaire pour la revente de l'électricité excédentaire que Northeast Utilities et NStar seraient incapables d'acheter, faute de besoins.

Terre-Neuve-et-Labrador appréhende que la future ligne ne confère un «avantage concurrentiel indu» à ses promoteurs et que son autorisation éventuelle ne soit le résultat d'un «traitement préférentiel», voire «discriminatoire». La province presse Hydro-Québec de fournir plus de détails sur ses intentions. Si ces précisions ne viennent pas, elle exhorte la FERC à imposer des conditions au projet.

Dans son document, NLH rappelle qu'elle est à planifier la construction de deux nouvelles centrales d'une puissance totale de 3000 mégawatts dans la partie inférieure du fleuve Churchill, au Labrador.

Longtemps, la société d'État a voulu utiliser le réseau d'Hydro-Québec pour exporter l'électricité de ces futures centrales aux États-Unis et dans le reste du Canada. Mais au lieu d'entamer des négociations avec Québec, le gouvernement de Danny Williams a préféré faire cavalier seul. La NLH prévoit désormais se servir de câbles sous-marins pour transporter l'énergie jusque dans les Maritimes - et potentiellement jusqu'aux États-Unis.

Outre la NLH, plusieurs entreprises énergétiques ont fait part de préoccupations de nature concurrentielle à l'égard du projet conjoint. Parmi elles, notons la vermontoise Green Mountain Power, qui appartient à Gaz Métro et Brookfield Energy Marketing, une filiale du gestionnaire torontois Brookfield Asset Management.