Si, en achetant de l'essence, vous payez directement à la pompe, attendez-vous à des surprises. Après avoir réglé de cette façon deux achats totalisant 36 $, un titulaire d'une carte de crédit MasterCard a vu apparaître sur son relevé de compte un montant... de 336 $!

«J'étais inquiet. J'ai pensé à de la fraude», dit le jeune homme qui ne désire pas être nommé. Deux institutions émettrices de cartes de crédit, Desjardins et la Banque Nationale, confirment que cette pratique des pétrolières est automatique lorsque l'essence est payée à la pompe. «À ma connaissance, elles le font toutes», affirme Nathalie Genest de Visa Desjardins.Conformément au mode de fonctionnement des systèmes de paiement à la pompe, le consommateur insère sa carte de crédit avant même de soulever le pistolet. «La pompe ne sait pas si vous achèterez 16 $ ou 75 $ d'essence. Comme elle n'est pas automatiquement reliée aux centrales émettrices de cartes de crédit, le commerçant demande une préautorisation d'achat d'essence», explique Mme Genest.Généralement, le montant varie entre 75 $ et 100 $, mais peut aussi être plus important. «C'est le commerçant qui fixe la préautorisation. Par exemple, si sa clientèle se compose souvent de camionneurs, il pourra exiger un montant plus élevé, 150 $ par exemple. La préautorisation doit être plus haute que la transaction réelle estimée, de manière à ce que le commerçant soit certain de couvrir l'achat. En fait, il se donne une marge de manoeuvre», ajoute Marie-Claude Lavigne de la Banque Nationale.

C'est dire que, pour chaque paiement à la pompe, deux transactions apparaîtront au relevé de compte. «Quatre transactions figurent effectivement sur mon relevé : deux achats d'essence, de 16 $ et 20 $, et autant de montants de 150 ?$, ceux-ci sans aucune indication», précise notre consommateur.

Montants gelés

Ces montants supplémentaires demeurent «gelés» au compte, jusqu'à ce que l'institution financière émettrice de votre carte de crédit reçoive le relevé de la transaction réelle. Les délais peuvent varier de quelques heures à plusieurs jours.

«Cela dépend du commerçant. S'il envoie ses relevés aux compagnies émettrices la journée même, les fonds seront dégelés rapidement.» Évidemment, s'il ne le fait qu'une ou deux fois par semaine, le délai s'allongera d'autant. Vérification faite, cinq jours après la première transaction payée à la pompe dans une station Irving par notre consommateur, un montant de 300 $ apparaissait toujours à son compte MasterCard.

Les deux institutions assurent qu'aucun intérêt ni frais de transaction n'est chargé pour ces montants. Et si, à cause de ceux-ci, le client dépasse sa limite de crédit? «Chez Visa Desjardins, cela n'affecte rien. Lorsque les fonds gelés concernent une préautorisation pour de l'achat d'essence, nos systèmes laissent passer automatiquement les opérations excédentaires sans frais», conclut Mme Genest.

Par contre, si vous possédez une carte MasterCard de la Banque Nationale, vous pourriez subir quelques inconvénients, puisque toute transaction excédentaire sera refusée.

«Le montant préautorisé affecte votre crédit et doit demeurer disponible en vue du paiement de la transaction réelle. S'il ne vous reste que 100 $, toute transaction excédentaire sera refusée tant que les fonds ne seront pas dégelés», explique Mme Lavigne.

Évidemment, rien de tel ne survient si vous réglez votre achat à l'intérieur. «Payer à la pompe est utile, rapide et n'oblige pas à entrer dans le commerce pour dépenser encore plus en choses inutiles. Mais j'aurais aimé savoir qu'ils procédaient de la sorte. Ça m'aurait évité des inquiétudes concernant de possibles transactions frauduleuses ou encore un vol d'identité», conclut notre consommateur.