Qui aurait dit que l'industrie minière connaîtrait un début d'année aussi euphorique... avant de s'écraser aussi brutalement? Qu'on vivrait une fièvre du gaz naturel au Québec? Qu'on découvrirait des émeraudes dans son sous-sol? L'année 2008 en fut une d'émotions fortes pour l'industrie minière québécoise. Mais 2009 s'annonce bien tranquille...

L'année 2008, Marco Gagnon ne l'oubliera pas de sitôt.

M. Gagnon est président de l'Association de l'exploration minière du Québec, un groupe qui défend les intérêts des entreprises qui creusent le sol dans l'espoir d'y découvrir des gisements.

"L'année qui s'achève sera l'une des plus mémorables de toute l'histoire de l'industrie de l'exploration minière mondiale", a dit M. Gagnon lors d'un discours prononcé en novembre dernier.

L'homme n'est pas le seul à se remettre de ses émotions. Du côté des minières qui tirent des richesses du sol, on en a aussi vu de toutes les couleurs.

"Dans la première partie de l'année, c'était une effervescence complètement incroyable, se rappelle André Lavoie, directeur des communications de l'Association minière du Québec. En juin, dans notre rapport annuel, on lisait que l'industrie minière vivait une période d'expansion sans précédent. En juin! Ce n'est pourtant pas si loin!"

C'est que l'année 2008 a bien commencé. Vraiment bien. En juin, le prix du cuivre flottait à 300% au-dessus des niveaux de 2003. Le zinc avait gagné 230% pendant la même période, tandis que le nickel affichait un gain de 220%, le fer, de 170%, et l'or, de 130%.

"Habituellement, on voit un engouement pour un ou deux métaux. Cette fois, la vague est différente. Tous les métaux ont atteint des sommets", constatait déjà en 2007 Serge Perreault, géologue résident pour le ministère des Ressources naturelles et de la Faune.

Puis est arrivé l'été, et avec lui la crise financière et le ralentissement économique. Les prix des métaux ont plongé.

Rien de nouveau sous le soleil, diront ceux qui ont vu neiger. Le secteur des ressources naturelles vogue de sommets en creux et de creux en sommets depuis la nuit des temps.

"On en a vu d'autres. Notre domaine est cyclique et on a toujours su rebondir", dit par exemple André Gaumont, président de Mines Virginia (l'homme derrière la découverte du gisement d'or Éléonore, considéré comme la plus importante découverte au pays des 20 dernières années).

Sauf qu'au-delà des discours encourageants, on sent que cette fois, la rapidité de la chute en a ébranlé plusieurs. Cette crise, confient tout bas des dirigeants d'entreprise, pourrait ne pas être comme les autres. Même M. Gaumont, visiblement peu porté sur le catastrophisme, convient que "cette fois-ci, c'est un peu violent".

Un peu violent? "Les prix des commodités ont connu une correction sans précédent", dit Martin Lefebvre, économiste principal au Mouvement Desjardins, qui note que la plupart des indices décrivant le cours des matières premières ont plongé de plus de 50% par rapport à leur dernier sommet.

"Dans l'histoire, jamais on n'a vu une correction sur trois mois aussi prononcée", tranche l'économiste, qui fait allusion à la période d'août à octobre.

Une débandade historique qui a des conséquences autant sur les sociétés d'exploration... que sur les minières.

L'Abitibi, encore la grande favorite

Quatre nouvelles mines ont été inaugurées cette année au Québec, et elles l'ont toutes été en Abitibi. Il s'agit de:

- Goldex, une mine d'or d'Agnico-Eagle

- Persévérance, une mine de zinc d'Xstrata Zinc

- Lac Fabie, une mine de cuivre et d'or de First Metals

- Lac Herbin, une mine d'or de Corporation minière Alexis

Ouvertures de mines prévues pour 2009:

- Lapa, une mine d'or d'Agnico-Eagle en Abitibi

- Raglan extension, une mine de cuivre et de nickel d'Xstrata Cuivre dans le Nord-du-Québec

- Lac Bloom, une mine de fer de Consolidated Thompson près de Fermont

- Bachelor/Barry, une mine d'or de Métanor, en Abitibi

Des émeraudes au Québec?

Une première: deux émeraudes ont été découvertes cette année au Québec, dans la région de la Baie-James. Les émeraudes ne sont pas d'assez bonne qualité pour être utilisées en bijouterie. Mais selon le ministère des Ressources naturelles et de la Faune, il est possible qu'elles soient le signe d'un potentiel caché. À suivre...

Le Québec, chouchou des entrepreneurs en 2008

La Terre est vaste. Mais il y a un endroit que les entreprises minières préfèrent pour y brasser leurs affaires: le Québec.

C'est la conclusion qu'a tirée cette année l'Institut Fraser d'un vaste sondage mené auprès de 372 entreprises de partout dans le monde.

Ce concours de popularité tient compte autant de la richesse du sous-sol que du contexte qui permet de l'exploiter - lois, régime fiscal, normes environnementales, infrastructures, main-d'oeuvre et autres. Le Québec devance cette année le Nevada, la Finlande, l'Alberta et le Manitoba. Il occupait la septième place l'an dernier.