La Presse donne la parole aux grands dirigeants du Québec. Chaque vendredi, un patron répond à cinq questions posées par le chef d'entreprise interviewé la semaine précédente. Et ainsi de suite. Pierre Rivard, président-directeur général du Groupe St-Hubert, répond aujourd'hui aux questions de Serge Maltais, président et chef de la direction d'Héma-Québec.

Un lien émotionnel fort existe entre les Québécois et la marque St-Hubert. Avec le rachat de l'enseigne par une entreprise établie hors Québec, comment comptez-vous conserver ce lien privilégié?

Les consommateurs sont au coeur de toutes nos décisions depuis 65 ans. Le Groupe St-Hubert a deux divisions : la restauration, que l'on connaît tous, et le détail, qui englobe les produits vendus en épicerie. On parle de 10 000 employés au Québec et de plus de 1500 fournisseurs de produits et services. C'est également un réseau de franchisés, des gens passionnés qui s'impliquent et s'investissent dans leur communauté. C'est ce qui tisse le lien émotionnel depuis toutes ces années.

Avec l'acquisition de Cara, St-Hubert est devenu le siège canadien de tout ce qui est transformation agroalimentaire pour Cara. Lors de la transaction, il y avait deux axes de croissance énormes. Les produits développés sous la marque Cara (Swiss Chalet, etc.) allaient être transformés ici, dans les usines de St-Hubert, et notre division de restauration allait prendre en charge la supervision des restaurants Harvey's au Québec. Ça témoigne de la confiance de Cara envers nos compétences. On continue à être près de nos consommateurs. Comme le dit notre slogan, on livre du bonheur depuis le début.

En alimentation comme dans les produits biologiques d'origine humaine comme le sang ou le lait maternel, la qualité et la sécurité sont des préoccupations de tous les instants. Quelles mesures mettez-vous en place pour maintenir constamment la confiance des consommateurs?

Nos restaurants, nos usines et nos fournisseurs sont audités et certifiés afin d'être conformes aux normes les plus élevées de l'industrie. N'est pas fournisseur qui veut. On s'assure d'avoir les plus hautes notes à l'échelle canadienne. La qualité est une valeur fondamentale pour nous. On a plusieurs mesures concernant nos ingrédients, les produits que l'on sert dans nos restaurants, ceux distribués en épicerie aussi. Ils respectent tous les mêmes standards.

Le visage du Québec change et sa population se diversifie. Est-ce que vous avez dû adapter votre offre en conséquence?

On l'a toujours fait. Nos actions sont posées de façon à répondre aux besoins des clients et à les anticiper. L'offre de menu s'élargit en restaurant, on retrouve des assiettes à partager, des saveurs inspirées du monde entier. On vient de lancer le poulet rôti piri-piri. On offre aussi de plus en plus de produits régionaux, comme des microbrasseries régionales. Nos franchiseurs auront des produits spécifiques à leur coin de pays.

On est aussi très présents sur les réseaux sociaux, on parle de développement durable et de compostage. Et nous avons été les premiers à installer des bornes pour les voitures électriques au Québec. On a également notre fondation, qui est très près de la communauté. On est aussi près de nos employés. C'est ce qui nous a permis de passer à travers tous les obstacles et de nous adapter. Le côté régional est de plus en plus important. On teste en ce moment un principe d'ardoise, où des restaurateurs ajoutent des produits spécifiques à leur région, comme une guédille au homard, au menu.

Dans une optique de croissance et de développement des affaires, l'intégration du Groupe St-Hubert au sein de Cara fera-t-elle croître l'enseigne St-Hubert et offrira-t-elle de nouveaux marchés pour ses fournisseurs établis au Québec?

Assurément. Le fait de devenir le centre canadien de développement des produits de la marque Cara ouvre énormément de portes à nos fournisseurs du Québec. On compte deux usines de transformation, une à Blainville et l'autre à Boisbriand, en plus de nos deux centres de distribution. On est très sollicités et nos fournisseurs sont très contents. Il y aura aussi du développement du côté des restaurants. On parle entre autres de combos qui regroupent un St-Hubert Express et un Harvey's sous le même toit. Le premier sera lancé dans quelques mois, et une trentaine devraient s'établir dans les trois prochaines années, surtout dans de petites municipalités où un St-Hubert Express n'aurait pas été viable auparavant.

De quelle façon votre modèle d'affaires évolue-t-il avec les changements provoqués par l'ère numérique?

On était précurseurs avec la livraison à domicile, le mobile également. On est très présents sur le web et les réseaux sociaux. Notre stratégie numérique nous permet d'être en contact avec nos clients et de nous assurer d'avoir les meilleurs services et une belle proximité. Avec l'acquisition de Cara, qui est le troisième restaurateur au Canada, on a également beaucoup de projets numériques actuellement. Ça pourrait par exemple être des cartes de fidélité ou la plateforme OpenTable pour nos restaurants au Québec. On a l'occasion de partager les technologies numériques les plus avant-gardistes et de bénéficier d'une plateforme extraordinaire.

Le parcours de Pierre Rivard en bref

Âge: 63 ans

Études: Pierre Rivard est titulaire d'un baccalauréat en administration de l'Université Laval.

En poste depuis: septembre 2015

Nombre d'employés: 10 000

Avant d'être à la tête de St-Hubert: Il a notamment été président-directeur général des Aliments Krispy Kernels et Yum Yum de 2001 à 2013. Auparavant, il était aux commandes d'Eau de source Naturo et de Labrador/Danone. Il dirigeait la division Détail du Groupe St-Hubert depuis trois ans quand on l'a nommé PDG.

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La semaine prochaine: Gideon Arthurs, directeur général de l'École nationale de théâtre, répond aux questions de Pierre Rivard.