La Presse donne la parole aux grands dirigeants du Québec. Chaque vendredi, un patron répond à cinq questions posées par le chef d'entreprise interviewé la semaine précédente. Et ainsi de suite. Michael Denham, président et chef de la direction de la Banque de développement du Canada (BDC), répond aujourd'hui aux questions de Cynthia Garneau, présidente de Bell Helicopter Textron Canada.

Quel(s) conseil(s) donneriez-vous aux jeunes qui désirent démarrer leur entreprise aujourd'hui ?

Le moment est très propice pour démarrer son entreprise, surtout à Montréal. Il y a beaucoup de liquidités et de possibilités pour le financement. Les recherches sur les milléniaux démontrent qu'ils ont un fort intérêt à lancer leur entreprise parce qu'ils valorisent les projets intéressants et que ce n'est pas toujours évident à trouver au sein d'une grande compagnie. Je dirais aux jeunes de choisir un secteur qui les passionne. C'est très difficile de démarrer son entreprise, il faut être passionné par ce que l'on fait. Il faut aussi s'entourer, trouver un mentor, un incubateur, des amis... Il y a plusieurs endroits maintenant pour obtenir du soutien et c'est très important.

La BDC s'est engagée à soutenir de plus en plus d'entreprises dirigées par des femmes dans les prochaines années. Qu'est-ce qui motive cette initiative ? Comment la BDC prévoit-elle faire augmenter le nombre de ces entreprises au leadership féminin pour le futur ?

Pour nous, c'est très important de faire mieux pour les femmes. Nous avons plus de 5000 entrepreneures à travers la BDC. Notre mandat est d'être là pour les entrepreneurs et de leur donner accès au financement et aux services-conseils. On a annoncé en 2015 l'objectif de prêter 700 millions de plus aux entrepreneures sur trois ans. On l'a accompli en deux ans. On a aussi annoncé en novembre dernier un fonds spécial de 50 millions pour investir dans les entreprises technologiques détenues par des femmes. On commence maintenant à prendre les décisions concernant les investissements. Dans cet environnement de capital de risque, c'est très, très difficile pour les entrepreneures de trouver les liquidités nécessaires.

Au Québec, on travaille étroitement avec des organismes qui font du bon travail à cet égard, comme Femmessor ou l'Effet A.

Comment arrivez-vous à rejoindre les employés de la BDC dans tout le Canada et à leur communiquer votre vision ?

On a plus de 2000 employés et 120 centres d'affaires. La première chose que j'ai faite, c'était de définir une feuille de route dans laquelle je déclinais nos objectifs : avoir un plus grand axe sur davantage d'entrepreneurs, faire en sorte qu'il soit facile de faire affaire avec nous, être un milieu de travail remarquable et être rentable afin d'avoir la capacité d'en faire plus. Chaque fois que je fais une communication, c'est dans le cadre de ces objectifs.

Je favorise les face à face où on peut avoir une bonne discussion sur les soucis et les questionnements, alors je voyage beaucoup ! Je fais en moyenne 100 000 km par an pour visiter les clients et les employés. J'ai aussi un appel trimestriel avec toute la compagnie, j'envoie des courriels lors de développements importants, je suis actif sur les réseaux sociaux et je transmets à nos employés le sommaire des discours que je fais.

Quels aspects de votre style de leadership transpirent le plus dans vos interactions avec vos employés ?

Il y a le thème « une équipe, une banque » dans lequel on essaie de former une seule équipe à travers les régions. Mon message, ce que je fais, les symboles que je renforce sont là pour soutenir ce thème. Deuxièmement, ce qui me préoccupe énormément, ce sont nos clients. Je rencontre les clients, je suis leur voix dans nos réunions, je pousse le fait que les entrepreneurs sont la raison pour laquelle nous sommes là. Troisièmement, je fais confiance à mes collègues. J'ai une place enviable parce que mon équipe de direction est très forte. J'ai confiance en chacun d'eux et je leur laisse l'espace nécessaire.

Que faites-vous pour favoriser l'équilibre travail-famille à la BDC ? Et dans votre propre vie professionnelle ?

On ne peut pas faire grand-chose sans des employés heureux. Pour la 11e année de suite, la BDC figure sur le prestigieux palmarès des 100 meilleurs employeurs au Canada. Ça démontre que nous avons des employés engagés et c'est le reflet de nos initiatives. On a mis en place la technologie et la mobilité pour que les employés soient aussi productifs à la maison, sur la route ou au bureau. On a instauré des options de travail flexibles et la possibilité de suivre les projets qui les passionnent. Le résultat est là : 90 % de nos employés sont satisfaits de leur emploi et 94 % de nos clients sont satisfaits de nos services.

En ce qui me concerne, j'ai toujours eu une discipline qui m'a bien servi. Je suis là en tant qu'entraîneur de hockey pour mes enfants, je suis là pour les devoirs et on skie ensemble le week-end. Ce ne serait pas possible pour moi d'être aussi engagé dans mon rôle si je n'avais pas cet équilibre par rapport à ma famille.

La semaine prochaine, Jean Bélanger, président de Premier Tech, répondra aux questions de Michael Denham.

Le parcours de Michael Denham en bref

Âge : 52 ans

Études : Michael Denham est titulaire d'un baccalauréat ès arts de l'Université de Princeton et d'une maîtrise ès sciences en économie de la London School of Economics.

En poste depuis : août 2015

Nombre d'employés : plus de 2100

Avant d'être président : Il a notamment occupé les postes de vice-président principal, stratégie, pour Bombardier, de président, services de gestion des processus d'affaires, chez CGI, de directeur général pour le Canada chez Accenture et de PDG d'AquaTerra.